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10 février 1755 : mort de lord George Granville, vicomte de Lansdown, poète et homme d'état

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10 février 1755 : mort de lord George Granville
Publié / Mis à jour le jeudi 18 mars 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Granville ne se recommande point à la postérité par son génie ; dans les deux carrières qu’il parcourut à la fois, son plus grand mérite est d’avoir su plaire. Aimable, courtisan des muses et du pouvoir, il devint pair d’Angleterre ; mais il n’y a point de pairie en littérature ; on n’y reçoit de titre que par ses œuvres : les titres de Granville sont à peu près oubliés.

Ce n’est pas qu’il n’eût débuté de bonne heure ; son début fut un succès, et ce succès, quoique poétique, annonçait plutôt l’homme de cour que le poète. Encore écolier à Cambridge,avant sa douzième année, il lut, en présence de la duchesse d’York, des vers composés en l’honneur de cette princesse, depuis reine d’Angleterre.

Sa famille s’était toujours distinguée dans les rangs des partisans des Stuarts ; et lui-même, parvenu à l’adolescence, voulut porter les armes pour Jacques II, dont il avait, si jeune, chanté l’épouse. La révolte de Montmouth, et plus tard la descente du prince d’Orange l’avaient enflammé d’un beau zèle. Ses parents eurent la prudence de ne point le laisser s’engager si avant dans une cause qu’ils voyaient perdue sans retour. Granville se borna donc à protester contre l’usurpation de Guillaume, par un éloignement absolu des affaires, et par la frivolité de ses occupations. Emule de Waller, il versifiait pour les beautés les plus célèbres de l’époque ; et l’une d’entre elles devint sous le nom de Myra, la Laure de ce nouveau Pétrarque.

Lorsque la reine Anne monta sur le trône, il lit céder à son ambition la répugnance qu’il avait montrée pour les suites de la révolution de 1688 ; le moyen qu’il prit pour se faire distinguer par la nouvelle souveraine, est curieux, comme exemple de la réaction qui s’opérait dans les mœurs. Il avait, à l’âge de treize ans, composé un opéra intitulé les Enchanteurs bretons. Cet ouvrage venait de tomber entre les mains d’un acteur à la mode (Betterton) qui voulait le mettre au théâtre. Granville se hâta d’y ajouter, en forme d’épilogue, une scène prophétique à la gloire du règne qui s’ouvrait. Ce système de flatterie avait déjà fleuri en France entre les mains de Quinault. Il commençait à se transplanter en Angleterre, et Addisson lui-même paya tribut à ce ridicule, dans un opéra de Rosemonde, où au dénouement, abandonnant un des sujets les plus pathétiques des chroniques nationales, il introduit une apparition qui prédit que le château de Woodstock sera la récompense du vainqueur de Blenheim.

Granville ne s’en tint pas à son éducation lyrique. S’associant aux efforts du gouvernement pour exciter l’animosité publique contre la France, il traduisit, en 1702, la seconde olynthienne de Démosthène. On saisit difficilement le rapport que les Anglais purent trouver entre Philippe enlevant des places fortes aux Athéniens, et Louis XIV donnant une généreuse hospitalité au père de la reine d’Angleterre. Mais l’esprit de parti ne se pique pas d’une justesse rigoureuse, la bonne volonté de Granville fut reconnue, et on le porta bientôt à la Chambre des communes. Ses anciennes affections le rangèrent sur les banes des torys, et pendant le court triomphe des whigs, en 1708, rentré dans sa vie privée, il alla chercher des consolations dans la société des gens de lettres. Ce fut alors qu’il connut Pope et Wycherley ; il les mit en relation avec Bolingbroke. Pope, dans une pièce de vers traduite par Delille, se plaignant, comme Boileau, des chagrins qu’il doit à sa célébrité, rappelle, par un reproche ingénieux, les encouragements que Granville lui avait donnés à l’entrée de la carrière :

Eh ! qui n’aurait été séduit ainsi que moi !
Walsh, ce fin conseilleur, le délicat Granville,
M’ont dit : Vous charmerez et la cour et la ville.

Cependant les distractions littéraires du protecteur de Pope eurent bientôt fait place à des projets d’ambition, lorsque le ministère whig succomba sous les attaques des torys. Granville fut réélu député, et, le 6 octobre 1710, il obtint un poste de secrétaire d’état, mais (étrange choix pour un poète !) ce fut au département de la guerre. Les récompenses vinrent le chercher comme d’elles-mêmes, avant qu’il eût eu le temps de rendre des services ; car, quelques mois après sa nomination au ministère (10 février 1711) il fut élevé à la Chambre haute, avec le titre de lord Lansdown, et l’année suivante la reine l’appela dans son conseil privé, et le gratina de la charge de trésorier de sa maison.

Une partie de l’édifice de sa fortune fut renversée par l’avènement de George Ier. Fidèle à ses amis, Granville se compromit, en défendant avec chaleur Bolingbroke et le duc d’Ormond contre le parti victorieux (1715) ; on l’accusa d’avoir voulu favoriser une insurrection en faveur du Prétendant ; on l’arrêta sans preuve, on le tint un an prisonnier sans jugement, et on le relâcha enfin sans aucune forme de procès. C’est ainsi que Robert Walpole, qui essayait alors sa longue puissance, comprenait les libertés publiques.

Granville, abattu par cette iniquité, ne songea plus qu’à se faire oublier, et lorsqu’on 1722 les persécutions recommencèrent contre ses amis, il se retira en France, où il passa dix ans, occupé à retoucher la collection complète de ses œuvres. Il les publia à son retour en Angleterre, et mourut dans le sein de sa famille, laissant, avec un médiocre souvenir de ses talents, la réputation plus précieuse d’un homme de bien.

 
 
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