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9 mars 1831 : création de la Légion étrangère

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9 mars 1831 : création de la Légion étrangère
(D’après « La Légion étrangère de 1831 à 1887 » (par le général Paul Grisot
et le lieutenant Ernest Coulombon) paru en 1888
et « Histoire de l’ancienne Légion étrangère » (par le général
Joseph Bernelle) paru en 1850)
Publié / Mis à jour le samedi 9 mars 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 7 mn
 
 
 
Si de tout temps la France eut à sa solde des troupes étrangères, à commencer par la garde écossaise de Charles VII, cependant qu’Anglais, Irlandais, Allemands, Polonais, Suisses, servirent sous le drapeau français, le dernier de ces régiments étrangers fut dissous le 5 janvier 1831, la Légion étrangère étant créée quelques mois plus tard pour répondre aux besoins induits par la conquête de l’Algérie, et ne devant à l’origine être employée qu’en dehors du territoire continental du royaume

Les services rendus par les troupes étrangères étaient tellement appréciés que, pendant la Révolution française, l’Assemblée législative, après avoir, par décret du 29 juillet 1791, supprimé le régiment de Nassau n° 96 et tous ceux désignés sous le nom d’infanterie allemande, irlandaise et liégeoise, promulgua, le 1er août 1792, une loi relative à la formation d’une légion franche étrangère.

Grenadier du régiment de Hohenlohe en 1822. Lithographie extraite du Livre d'or de la Légion étrangère. Centenaire de la Légion étrangère 1831-1931, paru en 1931
Grenadier du régiment de Hohenlohe en 1822.
Lithographie extraite du Livre d’or de la Légion étrangère.
Centenaire de la Légion étrangère 1831-1931
, paru en 1931

Cette légion était composée d’infanterie, de cavalerie et d’artillerie, son passage au service de la France ayant lieu suivant une capitulation passée entre le ministre de la Guerre et les membres du conseil d’administration stipulant pour la légion. Quelques jours plus tard, l’Assemblée faisait appel à tous les peuples de l’Europe et, par la loi du 3 août 1792, elle accordait de grands avantages (entre autres une rente de cent livres) aux sous-officiers et soldats étrangers qui déserteraient la cause des rois et viendraient servir sous les bannières républicaines.

Cet appel fut entendu et le décret du 4 septembre 1792 prescrivit la formation d’une légion étrangère, sous le nom de Germains : Augereau y servait comme officier. La Convention nationale suivit les errements de sa devancière, elle créa une légion belge, une deuxième légion batave et, par décret du 20 brumaire an V, elle reforma à Péronne des bataillons d’infanterie légère avec les troupes belges et liégeoises au service de la France.

Pendant le Directoire on forma, par décret du 22 fructidor an VII, une légion étrangère sous le nom de légion italique ; elle était composée de quatre bataillons d’infanterie et de quatre escadrons de chasseurs à cheval, forts chacun de deux compagnies, une légion polonaise, une légion des Francs du Nord, et plus tard une légion maltaise qui prit part à l’expédition d’Égypte.

L’excellent parti qu’on pouvait tirer des troupes étrangères n’échappa pas à Napoléon, qui organisa des demi-brigades helvétiques, puis des régiments suisses, une légion hanovrienne, quatre légions du Nord, une seconde légion hanovrienne, la légion de la Vistule qui fit la guerre en Catalogne, tandis que la légion portugaise et les régiments espagnols allaient tenir garnison à Hambourg.

Sous la Restauration, les ordonnances du roi en date du 16 décembre 1814 forment un régiment colonial étranger et déterminent une nouvelle organisation des premier, deuxième et troisième régiments étrangers à la solde de la France. L’ordonnance royale du 6 septembre 1815 prononce le licenciement des huit régiments d’infanterie connus sous la dénomination de régiments étrangers et la réorganisation d’une légion royale étrangère, qui plus tard prend le nom de Hohenlohe.

Les deux ordonnances royales du 18 juillet 1816 prescrivent la formation de quatre régiments de ligne suisses et des deux régiments suisses de la garde royale portant les n° 7 et 8. La couleur du fond de l’uniforme des régiments suisses est rouge, les boutons de la ligne sont de couleur jaune, et ceux de la garde de couleur blanche. Par ordonnance royale du 22 février 1821, la légion de Hohenlohe fut réorganisée en un régiment de ligne à trois bataillons qui prit le nom de régiment de Hohenlohe.

En 1830, les régiments suisses à la solde de la France furent licenciés, le régiment de Hohenlohe fut dissous par une ordonnance du roi Louis-Philippe en date du 5 janvier 1831, qui créa en même temps un régiment d’infanterie légère sous le n° 21.

Soldat du régiment de Hohenlohe de 1816 à 1824. Lithographie de Jean-François Villain (1790-1852)
Soldat du régiment de Hohenlohe de 1816 à 1824. Lithographie de Jean-François Villain (1790-1852)

Mais cette interruption dans le service des étrangers dans l’armée française ne fut pas de longue durée ; le décret du 9 mars 1831 et l’ordonnance royale du 10 du même mois organisèrent la Légion étrangère. Si le service militaire de la France avait toujours eu beaucoup d’attrait pour les étrangers, l’élan se manifesta avec une ardeur inédite après la révolution de 1830.

Des Espagnols, des Italiens qui, depuis plusieurs années déjà, avaient trouvé en France une protection hospitalière contre des persécutions politiques, vinrent lui offrir leurs sympathies et leurs services après les journées de Juillet — 27, 28 et 29 juillet 1830 aboutissant à la fin de la Restauration et à l’avènement du roi Louis-Philippe.

Ils furent bientôt suivis par une masse de Belges et d’Allemands ; les uns appelés par leur penchant pour les institutions populaires que la nation venait de se donner, considéraient la France comme le point central, le point de départ d’où le bienfait des libertés publiques devait passer dans leurs propres pays ; les autres quittèrent le sol natal pour se mettre à l’abri de poursuites judiciaires qu’on leur intentait parce qu’ils avaient applaudi à la révolution de Juillet, soit hautement et publiquement, soit dans des écrits reçus avec avidité par les masses ; toutes circonstances qui faisaient craindre aux divers gouvernements que les effets de ce mouvement populaire ne se propageassent chez eux.

Parmi les Allemands, l’on dut surtout remarquer les habitants de la rive gauche du Rhin ; le congrès de Vienne (1815) — qui à la chute de l’empire napoléonien avait partagé les pays du continent entre la Prusse, l’Autriche et la Russie — avait arraché ces belles provinces au grand empire après les désastres de 1814, et en les fractionnant, avait cherché à détruire toute espèce de nationalité parmi ses habitants ; il ne leur laissa pas même un avenir politique, parmi les peuples de l’Europe.

Soldat de la Légion étrangère en 1831. Carte postale des années 1950
Soldat de la Légion étrangère en 1831.
Carte postale des années 1950

Des affections franches et réelles, une conformité de langage, de mœurs, de lois ; des souvenirs de gloire achetés sous nos drapeaux au pris de leur sang, tous ces liens attachaient encore leurs patriotes habitants à la France, qu’ils avaient été si fiers naguère d’appeler leur patrie. Ils espérèrent que le moment était enfin venu de se rallier de nouveau à leur ancienne métropole et vinrent en grand nombre nous offrir leurs bras pour concourir à l’accomplissement de ce grand œuvre, qu’ils appelaient depuis quinze ans de tous leurs vœux.

Un grand nombre de Polonais — dont le pays avait été en grande partie attaché à l’empire russe lors du congrès de Vienne —, compromis dans la révolution de Varsovie — insurrection des nationalistes polonais en novembre 1830, puis guerre polono-russe en 1831 à l’issue de laquelle les Russes s’emparent de Varsovie le 6 septembre 1831 —, vinrent aussi chercher un refuge en France. Ceux d’entre eux qui consentirent à servir dans un corps composé de diverses nations, concoururent à la formation de la Légion étrangère ; les autres, peut-être mus par un nationalisme exacerbé, formèrent un corps à part sous une dénomination rappelant son origine : Légion polonaise. Par des motifs de haute politique, faciles à apprécier, le gouvernement français ne dut pas favoriser une semblable combinaison, et ces derniers Polonais reçurent dans une longue oisiveté les subsides de la France, tandis que leurs camarades payaient de leur sans et de leurs travaux en Afrique et en Espagne, l’hospitalité généreuse qu’ils recevaient de leur patrie adoptive.

Enfin, une classe d’hommes différents sous tous les rapports de ceux dont il vient d’être fait mention, apporta son contingent à la Légion étrangère et fut par la suite son seul recrutement : il s’agit des déserteurs des diverses armées européennes qui, soit par suite de la mobilité de leur caractère, soit parce que des faits graves dont ils s’étaient rendus coupables les obligeaient à abandonner leur patrie, pour échapper aux châtiments qu’ils avaient encourus, se décidaient à passer la frontière et venaient s’enrôler dans les dépôts établis pour les recevoir.

À tous ces éléments qui formèrent le noyau de la Légion étrangère, il convient d’ajouter les militaires de tous grades sortant de la Légion de Hohenlohe qui, lors de la suppression de ce corps et de sa transformation en 21e léger, ne purent entrer dans ce dernier régiment parce qu’ils n’étaient pas naturalisés Français, ainsi que les militaires des régiments suisses, de la ligue et de la garde royale, qui se trouvèrent dans le même cas.

Tous ces anciens militaires, si dévoués et si instruits, et malheureusement trop peu nombreux pour pouvoir suffire à tous les besoins, fournirent les premiers comptables et instructeurs aux cadres des bataillons qui s’organisèrent successivement. Les militaires de ces deux catégories, en grande partie, servaient la France depuis longtemps ; plusieurs même avaient fait les campagnes de l’Empire et avaient adopté notre pays pour patrie. Les provinces qui les avaient vus naître (Genève, Chambéry, Bruxelles, Neufchâtel), étaient, avant la Restauration, des départements français, et ces hommes ne voulurent pas renoncer à cette qualité, malgré la séparation qui se fit en 1814.

Braves, instruits, dévoués, ils se firent remarquer à toutes les époques de la courte mais glorieuse existence de « l’ancienne » Légion — le 16 décembre 1839, après le passage de la Légion étrangère dans les rangs de l’armée espagnole, le roi Louis-Philippe décidera la création d’une nouvelle Légion afin de renforcer les troupes françaises en Algérie —, par toutes les qualités qui distinguent le véritable militaire, et ils rendirent à ce corps les services les plus éminents et les plus désintéressés.

Sous-lieutenant de la Légion étrangère en 1837. Figurine issue de la collection Hachette Soldats de la Légion étrangère proposée dans les années 1990
Sous-lieutenant de la Légion étrangère en 1837. Figurine issue de la collection Hachette
Soldats de la Légion étrangère proposée dans les années 1990

Outre ces officiers et sous-officiers, un assez grand nombre provenant de différentes sources, rejoignirent successivement les nouveaux bataillons en France ou en Afrique :

1° Des militaires de différentes nations étrangères, ayant servi dans les armées impériales ; la plupart étaient restés hors du service et avaient contracté, dans des occupations civiles et industrielles, des habitudes et des mœurs tout à fait en dehors de la discipline et de l’éducation du soldat, que quinze années de paix avaient notablement modifiées. Quelques-uns ne firent qu’un court séjour à la Légion ; d’autres voulurent s’y maintenir, et il fallut une grande vigueur et beaucoup de fermeté pour les ramener aux habitudes et aux mœurs militaires : résultat qui ne fut jamais obtenu que très imparfaitement malgré tous les efforts d’une discipline dont la fermeté et la justice étaient passées en proverbe ;

2° Dans une autre catégorie, nous trouvons quelques officiers provenant du licenciement de la maison militaire de Charles X et de la garde royale en 1830, et dont l’origine militaire et les antécédents politiques rendaient alors impossible leur incorporation dans les régiments français ;

3° D’autres officiers au contraire qui, à Paris ou dans les départements, en 1830, avaient été chefs ou moteurs dans leurs corps, d’insurrections militaires contre l’autorité légale de leurs chefs ;

4° Des officiers de différentes armes, endettés, mal famés, d’une conduite irrégulière et dont on voulut se débarrasser dans leurs corps, sans leur faire perdre leur état ;

5° Enfin, des officiers que le ministre de la Guerre plaça dans la Légion au fur et à mesure de son accroissement et qui provenaient de la non-activité, de la réforme, etc.

Ainsi, outre les services bien réels et de toute nature que rendit la Légion en Afrique, on lui doit encore d’avoir été une espèce d’exutoire de l’armée française, dans des moments de troubles et de commotions, où le gouvernement avait tant à faire et à prévoir, et où ces hommes pouvaient lui susciter de grands embarras, s’ils n’eussent été domptés par la discipline militaire.

En réfléchissant à la composition de ce corps formé de parties aussi hétérogènes, on se demande comment la discipline put prendre le dessus et créer, avec de tels éléments, un tout capable de donner d’aussi bons résultats..

Figurine d'un clairon de la Légion étrangère en 1831
Figurine d’un clairon de la Légion étrangère en 1831

Cette nouvelle organisation reposait sur les bases suivantes :

Ce corps ne pouvait être employé que hors du territoire continental du royaume, les bataillons étaient à 8 compagnies de 112 hommes chacune, comme les bataillons d’infanterie de ligne ; les compagnies d’élite n’existaient pas.

Les engagements étaient de 3 ans au moins et de 5 ans au plus, les rengagements étaient de 2 à 5 ans. Il fallait avoir 18 ans au moins et 40 ans au plus pour contracter un engagement. On composait les compagnies des hommes de même nation et parlant la même langue ; mais on renonça plus tard à ce système qui donna de fâcheux résultats ; les nationalités diverses formant des compagnies arrivaient à en venir aux mains entre elles : à chaque instant il y avait des collisions entre les compagnies. En 1835, le colonel Bernelle mélangea tous les hommes de nationalités diverses dans toutes les compagnies.

Chaque légionnaire était pourvu : d’un pantalon garance tombant droit sur le pied ; d’un habit bleu de roi boutonnant sur la poitrine ; d’une capote en drap gris de fer à deux rangées de boutons ; d’un képi à turban garance, bandeau et passe-poils bleus ; d’une paire de guêtres en toile ; d’une paire de guêtres en drap bleu foncé avec boutons doubles aux sous-pieds, et d’un col d’ordonnance.

D’un équipement complet en buffle blanc, ainsi que les bretelles et les courroies du sac ; d’un étui (pour mettre l’habit) en toile bleue à raies blanches ; ainsi que de tous les effets de petit équipement en usage dans l’infanterie à cette époque ; d’un petit bidon en fer-blanc.

Ainsi qu’on peut s’en rendre compte, l’uniforme de la légion différait peu de celui de l’infanterie. Les boutons en cuivre jaune portaient les mots : Légion étrangère.

En moins de quatre mois, la Légion avait été organisée et malgré les difficultés sans nombre qu’entraîne la formation d’un corps où tout était à créer, et où les officiers, inexpérimentés, la plupart du temps ne parlant pas le français, n’avaient pu être de grande utilité dans cette formation.

Le général Bernelle attribue, avec juste raison, tout le mérite de cette prompte organisation aux officiers et aux sous-officiers provenant en grande partie des régiments suisses et de Hohenlohe, dont le dévouement et la persévérance avaient été au-dessus de tout éloge.

 
 
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