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Port d'Orléans : jadis l'un des plus grands de France

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Port d’Orléans :
jadis l’un des plus grands de France
Publié / Mis à jour le jeudi 1er février 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Le port fluvial d’Orléans a été l’un des plus animés du pays. Connaissez-vous son histoire ? Remontons ensemble le fil du temps et plongeons-nous dans le passé du bouillonnant Orléans du Grand Siècle.

Nous sommes aux XVIe et XVIIe siècles, au plus fort de la marine de Loire. La Loire était le poumon économique du pays et Orléans, l’une des villes les plus riches du royaume de France. On compte jusqu’à presque 11 000 bateaux à l’année. Jusqu’à 320 000 tonnes de marchandises y sont déchargées par an. Pas moins de 70 000 voyageurs transitent par les ports de la ville.

Imaginons, la Loire, traversée de nombreux bateaux aux voiles gonflées, de toues, gabarres et autres chalands évitant les moulins flottants. Entendez-vous les chants des mariniers et les cris des pêcheurs qui vendent leurs poissons sur leurs bascules à poisson ? Le bruit du caquet des lavandières qui battent le linge ? Le bruit des outils qui tapent sur la pierre et les métaux ? Ce brouhaha venant des bateaux qu’on décharge et qu’on charge ?

Orléans en aval du Pont Royal. Huile sur toile de Ferdinand Perrot, vers 1850
Orléans en aval du Pont Royal. Huile sur toile de Ferdinand Perrot, vers 1850.
© Crédit photo : Musée des Beaux-Arts d’Orléans

Voyez-vous ces quais, remplis de marchandises ; et ces voyageurs qui cherchent des voituriers d’eau ? La marquise de Sévigné en cherche un justement pour descendre jusqu’à Nantes : « À peine sommes-nous descendus ici, que voilà vingt bateliers autour de nous, chacun faisant valoir la qualité des personnes... Et la bonté de son bateau. Nous avons été longtemps à choisir : l’un nous paraissait trop jeune, l’autre trop vieux ; l’un avait trop envie de nous avoir, cela nous paraissait d’un gueux, dont le bateau était pourri... Enfin la prédestination a paru visible sur un grand garçon bien fait, dont la moustache et le procédé nous ont décidés... Nous allons voguer sur cette belle Loire. »

Les débarquements n’en sont pas moins burlesques. Paul Scarron écrit dans son Roman comique : « Nous arrivâmes à Orléans, où notre entrée fut si plaisante que je vous en veux apprendre les particularités. Un tas de faquins, qui attendent sur le port ceux qui viennent par eau pour porter leurs hardes, se jetèrent à la foule dans notre cabane. Ils se présentèrent plus de trente à se charger de deux ou trois petits paquets que le moins fort d’entre eux eût pu porter sous ses bras... Toute la canaille qui était sur le port se mit à rire et nous fûmes contraints d’en faire autant. »

Un peu plus loin, il y a les bateaux-lavoirs parés de draps qui sèchent au vent, et peuplé d’ouvrières qui lavent les laines dans l’eau de la Loire. De passage dans la ville, Jean de la Fontaine est émerveillé par la grandeur du fleuve, comme il le raconte dans la Relation d’un voyage de Paris en Limousin : « La Loire est près de trois fois aussi large à Orléans que la Seine l’est à Paris... De chaque côté du pont on voit continuellement des barques qui vont à voiles : les unes montent les autres descendent... Les voiles de ceux-ci sont forts amples : cela leur donne une majesté de navires et j’imaginai le port Constantinople en petit. »

Le port du Portereau d'Orléans à l'apogée du commerce sur la Loire (rive sud). Lithographie de Charles Pensée, 1829
Le port du Portereau d’Orléans à l’apogée du commerce sur la Loire (rive sud).
Lithographie de Charles Pensée, 1829. © Crédit photo : Musée des Beaux-Arts d’Orléans

En France, Orléans occupe une position géographique centrale, à mi-chemin entre l’océan Atlantique et la vallée du Rhône. Jusqu’au XVIIIe siècle, la navigation est surtout descendante. Ne vous y trompez pas, allant de la Méditerranée jusqu’à l’Atlantique, les bateaux transportent huiles, fruits de la Méditerranée (figues, raisins, agrumes), savon de Marseille, épices du Levant, bois et pierres du Massif Central, vins du Rhône et étoffes de soie.

Le commerce atlantique venant de l’ouest se développe au XVIIIe siècle. Arrivent alors sur les quais, la morue de Terre-Neuve et les produits des colonies : sucre, café, cacao, coton, mais aussi des produits locaux comme les vins, qui gâtés par le voyage alimentent les vinaigreries. C’est à la fin du XVIIe siècle, qu’Orléans sera reliée à Paris par voie d’eau avec le canal d’Orléans. Orléans devient alors l’entrepôt général et le centre d’approvisionnement de Paris. Sentez-vous ces odeurs délicieuses venues de Provence, ces parfums d’épices, ces arômes de café et les odeurs de sucre ?

Orléans compte trois ports. À l’amont du pont Royal (ou pont George-V) sur la rive nord, le port de la Poterne accueille la navigation descendante qui vient du Rhône et de la Méditerranée. À l’aval, toujours rive nord, le port de Recouvrance est destiné à recevoir les bateaux remontant le fleuve, venus de l’ouest chargés de marchandises venues de l’océan Atlantique et des colonies. La rive nord est réservée au chargement ou déchargement rapide des bateaux. Au XVIIIe siècle, les quais deviennent insuffisants. Ils sont remodelés sur trois kilomètres au début du XIXe siècle. Le troisième port se trouve rive sud. Le port du Portereau est utilisé par les bateaux au séjour prolongé ou avec chargement de moindre valeur.

Bateaux à quai au port de Recouvrance. Lithographie de Charles Pensée, 1840
Bateaux à quai au port de Recouvrance. Lithographie de Charles Pensée, 1840.
© Crédit photo : Musée des Beaux-Arts d’Orléans

Aujourd’hui, en se promenant sur les quais, on peut découvrir quelques témoignages de cette activité portuaire : les anneaux d’amarrage qui servaient à l’accostage des bateaux ; et peut-être avez-vous déjà buté dans l’un des pavés des quais de Loire. Vous avez râlé en vous demandant pourquoi ils n’étaient pas réguliers ? Ces irrégularités permettaient d’éviter que les chargements glissent sous leurs poids.

Le cours du fleuve est partagé entre mariniers, pêcheurs et meuniers, dont les moulins suspendus aux arches du pont ou les moulins-bateaux. En 1673, 20 moulins à bac étaient présents à Orléans, puis 14 en 1787. Entravant la circulation fluviale, ils finiront par disparaître. Les rives de la Loire attirent d’autres activités qui ont besoin de son eau : la blanchisserie, le travail des cuirs et des peaux, ou la teinture des tissus.

Imaginons l’animation qui régnait dans les quartiers du bord de l’eau. Au fur et à mesure que le trafic fluvial prospère, de nombreux métiers vivent, directement ou indirectement, de l’activité portuaire. Les quais sont arpentés par des cantonniers dont les missions sont d’entretenir les rives du fleuve, de dégager les chemins de halage et de curer les bancs de sable pour que les bateaux ne s’échouent pas. On y voit aussi de nombreux portefaix. Ces ouvriers transportent les lourdes charges et livrent les colis et les lettres.

Il faut également des charpentiers pour l’entretien des bateaux, des fabricants de voiles, de cordages, des tonneliers pour fabriquer et réparer les tonneaux. Cardeurs, foulons et tisserands travaillent pour les marchands drapiers. Les métiers du vêtement sont nombreux : bonnetiers, chaussetiers, fripiers, tailleurs, couturiers, passementiers, boutonniers... L’activité des cuirs et peaux a besoin de pelletiers, tanneurs, mégissiers, cordonniers, chamoiseurs, parcheminiers, relieurs...

Les quartiers du centre-ville s’organisent autour des activités ligériennes. Les tanneurs, qui ont besoin de l’eau pour le trempage des peaux, s’installent en bord de Loire, non loin du port de la Poterne. Les bouchers prennent quartier près des tanneurs. Ils sont ainsi à proximité des acheteurs de peaux et dans une rue en pente vers la Loire pour évacuer le sang des animaux. Si vous êtes curieux, vous pouvez vous rendre rue des Tanneurs et rue des Bouchers, et imaginer l’ambiance et surtout les fortes odeurs qui y régnaient. Les blanchisseuses souvent en conflit avec les tanneurs sont, quant à elles, installées près du port de Recouvrance.

Le transport fluvial atteint son apogée dans la seconde moitié du XVIIe siècle grâce au commerce avec les Antilles, en particulier celui du sucre, dont les Orléanais deviennent les raffineurs les plus renommés du royaume au cours du siècle suivant. C’est l’embouteillage dans les ports orléanais. L’attente peut durer des jours.

La marine de Loire s’éteint peu à peu vers 1850, victime du développement du train. Les mariniers ont pensé longtemps pouvoir résister au chemin de fer, en transportant les marchandises volumineuses. Mais les marchands ont rapidement préféré les voies ferrées, régulières et sûres.

Isabelle Amelot
France 3 Centre Val-de-Loire

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