Livre histoire Braine (Histoire de) par Maxime de Sars et Lucien Broche

La légende raconte que le roi Clotaire II, venu chasser sur les bords de l’Aisne, se serait noyé si Authaire, un seigneur du pays, ne l’avait sauvé. En remerciement, le monarque lui donna la terre de Braine. Saint Ouen, fils d’Authaire, la légua à l’église de Rouen dont il était archevêque et deux cents ans plus tard alors que les nefs des Normands remontaient la Seine, le château qui n’était alors probablement constitué que de quelques bâtiments en bois entourés d’une palissade, accueillit les reliques de deux évêques de Rouen, les trésors de leurs successeurs et leur riche bibliothèque.

Assiégé en 931, le château fut dévasté et les livres brûlés. Le domaine appartint un temps au comte de Dreux et quand la branche aînée de son illustre famille s’éteignit, la terre de Braine entra en 1323 dans la maison de Roucy qui n’était certes pas d’origine royale mais la plus puissante et peut-être la plus ancienne du Laonnois. Simon hérita du comté. Il joua un rôle important sous le règne de Charles V qui l’envoya « pour des besognes secrètes touchant son honneur en certaines parties du royaume ». En 1414, Jeanne, comtesse de Roucy et Braine, dame de Montmirail, épousa le damoiseau de Commercy.

Robert de Sarrebruche suivit le parti bourguignon à l’inverse de la famille de sa femme et son attitude attira sur la vallée de la Vesle qui était très calme depuis les débuts de la guerre de Cent Ans, les hommes d’armes, leurs ravages et leurs pillages. Robert se rapprocha ensuite de la cause française et le 24 juillet 1429, il fut fait chevalier dans la cathédrale de Reims par Charles VII, après son sacre et tandis que Jeanne d’Arc se tenait au pied de l’autel. Au début du règne de François I^er, la mort d’Amé de Sarrebruche entraîna le morcellement de ses vastes domaines.

Guillemette reçut le comté de Braine. Elle avait épousé en 1510 Robert de la Marck, une des plus grandes figures militaires de son temps, qui fut armé chevalier à Marignan, comme François I^er. Son plus haut fait d’armes fut la défense de Péronne qu’il protégea contre les assauts journaliers du comte de Nassau en août et septembre 1536. En décembre de la même année, son cœur fut déposé au côté droit de la tombe d’Amé de Sarrebruche dans l’église de Braine. Le 8 mars 1689, Louise-Madeleine Eschalart de la Marck, « le plus grand parti de France » selon Mme de La Fayette, porta le comté de Braine en dot à Henry de Durfort, duc de Duras et pair de France. Saint-Simon le présentait comme un homme bien fait mais changé par la vie et les débauches, fort aimé mais sans aucun esprit. Il mourut à 27 ans « d’une petite vérole et de beaucoup d’autres » écrivit le mémorialiste.