D'Artagnan : 350 ans après sa mort, le mystère du corps introuvable

Le 25 juin 1673, d’Artagnan mourait tué par une balle de mousquet sur un champ de bataille à Maastricht, aux Pays-Bas. Cela fait donc 350 ans que le plus célèbre des mousquetaires de France a perdu la vie. Si l’on connaît les contours du scénario de sa mort, de nombreux mystères entourent encore le lieu de son inhumation.

En effet, rien dans les écrits officiels des archives de l’armée française n’indique officiellement le lieu de sa sépulture. Un vide administratif troublant quand on connaît l’importance du personnage de Charles de Batz de Castelmore, qui occupait le prestigieux poste de capitaine de la garde royale de Louis XIV. Toutefois, selon l’historienne Odile Bordaz, pour tenter d’éclaircir ce mystère, il suffit de remonter avec attention le fil de sa dernière journée de vie...

Statue de D’Artagnan dans le Aldenhof Park à Maastricht (Pays-Bas)

Ce jour-là, d’Artagnan est à Maastricht, place forte des Pays-Bas, dont veut s’emparer Louis XIV. « Il sort d’une nuit compliquée. Entre le 24 et le 25 juin, les Français ont attaqué les Néerlandais et ont gagné des fortifications. Mais une attaque ennemie les surprend au niveau de la porte de Tongres », raconte Odile Bordaz.

C’est alors qu’en voulant rétorquer rapidement, les Français commettent une terrible imprudence qui coûtera la vie à leur capitaine. « Des tranchées avaient été creusées par l’ingénieur Vauban pour permettre aux soldats d’avancer tout en se protégeant des attaques. Mais, pour gagner du temps, le général de jour a donné l’ordre de passer à découvert. D’Artagnan a tenté de l’en dissuader mais l’ordre était donné et les troupes ont avancé », explique la spécialiste.

« C’est à la fin de la mêlée que les mousquetaires ont retrouvé son corps, étendu près d’une palissade dressée par les ennemis. Il avait succombé à une balle de mousquet. Ses soldats ont donc ramené sa dépouille au camp », raconte Odile Bordaz. Particulièrement touché par la perte de son capitaine, le roi décide alors de rendre hommage à son fidèle. « Il avait perdu quelqu’un en qui il avait toute confiance. Il a fait célébrer une messe et des honneurs funèbres lui ont été rendus au camp, notamment par ses cousins présents sur les lieux », explique l’experte.

Et c’est ici que débute l’enquête... Qu’est-il advenu de la dépouille du célèbre capitaine de la garde royale ? « Plusieurs indices indiquent qu’il aurait été enterré à Maastricht et que son corps n’aurait pas été ramené auprès des siens », répond l’historienne.

Si l’on s’en tient aux pratiques appliquées à l’époque, il aurait été inhumé sous un édifice religieux, comme il était coutume de le faire pour « les gens de qualité ». « Cela nous amène à l’église de Wolder qui était située juste à côté du camp des mousquetaires. Louis XIV l’avait fait consacrer au culte catholique pour pouvoir y enterrer des officiers. Quand on observe les cartes dressées à l’époque, c’est la seule église de tout le quartier donc il y a de fortes chances que sa dépouille y ait été déposée », assure l’historienne.

Reste la question d’un possible rapatriement : peu probable pour Odile Bordaz. « Pour transporter un corps, surtout en été, il aurait fallu tout un traitement de momification qu’ils n’avaient pas le temps de faire. Ensuite, aucun document n’atteste que la famille de Gascogne de d’Artagnan n’a payé pour rapatrier son corps. »

Finalement, pour les historiens français comme néerlandais, le corps de d’Artagnan reposerait sous les pavés de l’église de Wolder. Toutefois, tous sont unanimes, « retrouver sa tombe serait extraordinaire mais c’est bien le mystère qui participe à la légende du personnage devenu le héros littéraire d’Alexandre Dumas ».

D’Artagnan devant le château de Castelmore à Lupiac (Gers)

Lors de la reconstruction de l’édifice religieux, à la fin du XIX^e siècle, des cercueils ont été découverts par les ouvriers du chantier. Faute de moyens au moment de fouilles, ces corps n’ont pas été datés avec précision mais selon les experts, tout laisse à penser qu’il s’agit de soldats français qui auraient combattu pendant le siège de 1673 aux côtés de d’Artagnan.

Plus récemment, des cadavres de chevaux ont également été extraits du sol et datés de la même époque. Difficile donc d’accepter que le cercueil du plus célèbre des mousquetaires n’ait toujours pas été retrouvé.

Toutefois, une lueur d’espoir subsiste pour les historiens. En effet, les autorités ecclésiastiques ont annoncé avoir pour projet d’installer un chauffage par le sol dans l’église de Wolder. Ainsi, se saisissant de l’occasion, les services d’archéologie de Maastricht ont immédiatement déposé une demande officielle de fouilles afin d’espérer mettre la main sur la tombe du mousquetaire. D’autant que si un cercueil est retrouvé, des analyses ADN seront possibles car d’Artagnan possède toujours des descendants qui pourront ainsi permettre d’identifier officiellement son corps.

Laura Lude
La Dépêche
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https://www.ladepeche.fr/2023/06/04/mort-de-dartagnan-350-ans-apres-le-mystere-du-corps-introuvable-11229187.php
https://www.ladepeche.fr/2023/06/04/mort-de-dartagnan-des-nouvelles-fouilles-bientot-organisees-pour-retrouver-son-cercueil-11229188.php