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6 mai 1211 : pose de la première pierre de l'actuelle cathédrale de Reims

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6 mai 1211 : pose de la première pierre
de l’actuelle cathédrale de Reims
(D’après « Histoire et description de Notre-Dame
de Reims » (tome 1) paru en 1841 et « Cathédrales françaises
dessinées d’après nature et lithographiées » paru en 1826)
Publié / Mis à jour le samedi 6 mai 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

La première métropole de Reims ne fut qu’un oratoire modeste élevé à peu de distance de la ville ; saint Sixte — fondateur vers 250 de l’évêché de Reims avec saint Sinice — la dédia à l’Apôtre saint Pierre. Elle était située sur la voie Césarée, non loin de l’église actuelle de Saint-Remi, dans un endroit converti depuis en rue, qui prit, dans la suite, le nom du premier fondateur de l’église de Reims, ainsi que l’oratoire où il fut enterré.

Cet oratoire, célèbre surtout par la sépulture des quatre premiers archevêques de Reims, fut longtemps desservi par douze « clercs, rentés pour le service » ; mais, au temps de Sonnace, évêque de Reims de 593 à 631, le zèle des chrétiens venant à décroître, l’oratoire fut confié à un seul prêtre. Enfin, en 1710, sous Maurice Le Tellier, il tomba en ruines. La paroisse fut réunie à celle de Saint-Jean. Ces ruines existaient encore en 1726 ; elles disparurent en 1793.

Détail d'un vitrail de l'ancien séminaire de Reims représentant saint Sixte

Détail d’un vitrail de l’ancien séminaire de Reims représentant saint Sixte

Cet oratoire est le seul temple connu à Reims jusqu’en 313. A cette époque, la paix étant rendue à l’Église par l’édit de Constantin, donné à Milan, celle-ci reprit une vie nouvelle. Bétause (évêque de Reims depuis environ 300 et jusqu’en 327), fait bâtir en 314 dans la cité une église qu’il dédie aux Saints Apôtres, et qui porta dans la suite le nom de Saint-Symphorien. Avec la permission du pape Sylvestre Ier (314-335), il y transporte le siège épiscopal, qui y demeure fixé jusqu’au temps de saint Nicaise (400-407). Sur l’emplacement de cette église, on vit, jusqu’en 1793, une célèbre collégiale du titre de Saint-Symphorien. Il n’en reste aujourd’hui que le souvenir et le nom attaché à la rue. L’histoire est muette sur la forme et l’étendue de cette nouvelle église, qui, selon la tradition, aurait été, dans l’origine, un temple consacré à Cérès ou à Vénus. Le christianisme s’appropriait, en les sanctifiant, les dépouilles de l’idolâtrie.

L’église des Saints-Apôtres devenant sans doute insuffisante, saint Nicaise, alors évêque de Reims, construisit en 401 un édifice plus vaste et en rapport avec l’étendue de la cité et le nombre des chrétiens. Il s’établit au centre même de la citadelle, élève un temple, qu’il dédie à la Sainte-Vierge ; ou, comme le veulent plusieurs historiens, sur une révélation céleste, il consacre à Marie le temple même du Capitole rémois. Ce fut la première église élevée dans les Gaules en l’honneur de la Vierge.

Détail d'un vitrail de l'ancien séminaire de Reims représentant saint Nicaise

Détail d’un vitrail de l’ancien séminaire
de Reims représentant saint Nicaise

Six ans plus tard, en 407, le saint pontife versa sur les dalles du nouveau temple le sang de son martyre. C’est là que Clovis fut baptisé par saint Remi, et que la nation des Francs devint la fille aînée de l’Eglise catholique. « Cette église de la Très-Sainte Vierge, consacrée par le sang de saint Nicaise, subsista pendant quatre siècles. Elle n’était pas de grande étendue ; les degrés du portail s’élevaient près de l’endroit où l’on voyait anciennement ce que l’on appelait la cage de saint Nicaise », explique Lacourt dans ses Églises de Reims.

Flodoard de Reims, historien vivant au Xe siècle, fait, en peu de mots, l’éloge de saint Nicaise, qui mourut le 14 décembre 407 (certains historiens datent sa mort de 450, massacré par les Huns, et non par les Vandales) : « En 401, le siège épiscopal fut occupé par saint Nicaise, homme d’une grande charité et d’une grande constance. Pendant les ravages des Vandales en Gaule, il dirigea avec beaucoup de fermeté l’église qui lui était confiée ; pendant la paix, il sut l’illustrer et l’embellir ; au milieu des dangers, il sut la diriger et la protéger, édifiant le peuple par la piété de sa doctrine et de ses exemples, et relevant, par des constructions et des embellissements, la splendeur de l’église. »

Si l’histoire ne nous a conservé aucune description de la cathédrale de saint Nicaise, les événements qui s’y rattachent se présentent en foule : en 496, Clovis, roi des Francs, y reçoit le baptême des mains de saint Remi ; plusieurs autres rois y reçurent l’onction royale ; Pépin, Charlemagne, Louis le Débonnaire y furent sacrés par les papes Etienne II, Léon III et Etienne IV.

Au début du IXe siècle, le temple auguste élevé et consacré par saint Nicaise tombait en ruines. Louis le Débonnaire, au jour de son sacre (5 octobre 816), frappé du déplorable état d’un monument si vénérable, résolut de le rebâtir sur un plan plus vaste et plus riche. Le 18 août précédent, était mort Wulfaire, archevêque de Reims. Son successeur Gislemar étant reconnu incapable de gouverner, le roi et empereur d’Occident Louis le Débonnaire propose lui-même Ebbon, son condisciple et son frère de lait ; les évêques l’acclament tous, à raison de son rare mérite. Et le 1er novembre 816, il donne à l’église de Reims le monastère de Montierender, situé au diocèse de Châlons ; les revenus de cette riche abbaye devaient servir à poursuivre le projet de reconstruction.

Ebbon, sûr par avance de la faveur royale, active les travaux commencés avant lui. En 817, il obtient une charte qui lui accorde la remise de toutes les charges et redevances que l’église de Reims avait coutume de payer au palais d’Aix-la-Chapelle, les chemins publics qui peuvent être un obstacle à la construction des cloîtres et des habitations des serviteurs de Dieu, et toute la muraille avec les portes de la ville. C’est depuis ce temps que Reims fut placée sous la protection du ciel : sub custodia cœli, d’où est venue cette devise si chère à la ville de Reims : Dieu en soit garde.

En 818, à la demande d’Ebbon, l’empereur lui donne l’architecte Rumuald, qui consacra le reste de sa vie à diriger les travaux de cette nouvelle cathédrale. La même année, une nouvelle charte, signée de Louis et de Lothaire, rend à l’église de Reims tous les biens que lui avaient enlevés Charles Martel et Charlemagne, et lui accorde de nouvelles immunités. L’archevêque Ebbon redouble alors d’efforts : il recherche des ouvriers de tous côtés, tant de Champagne que d’autres lieux, et leur donne « licts, pain, habits, mesme leur faisant des trestés pour les y obliger », et pendant dix années, il travaille sans relâche, puissamment aidé par sa mère Himiltrude, qu’il perd en 827, et qu’il fait enterrer dans son église.

Louis le Débonnaire

Louis le Débonnaire

A cette époque, la cathédrale était déjà entourée d’une vaste enceinte, et auprès d’elle s’élevait un bâtiment destiné à recueillir les archives, où Ebbon avait ménagé par-dessous une chapelle qu’il dédia à saint Pierre, à tous les Apôtres, à tous les martyrs. Chaque jour, au temps de Flodoard, on offrait le saint sacrifice de la messe dans ce lieu, et le ciel se plaisait à honorer ce sanctuaire par des miracles dont notre bon chroniqueur se glorifie d’avoir été le témoin.

A la mort de sa mère, l’archevêque Ebbon quitta Reims pour aller évangéliser le Danemark. Plus tard occupé de diverses missions, puis mêlé à la politique, devenu partisan des fils indignes de Louis le Débonnaire, chassé de son siège, déposé à Thionville en 835, de retour en 841, de nouveau chassé, il ne put mettre la dernière main à l’œuvre qu’il avait entreprise. Elle fut continuée et achevée par son successeur, le célèbre Hincmar, élu archevêque au mois d’avril 845 (archevêque de Reims jusqu’en 882). A peine eut-il pris possession de son siège, que le nouveau prélat obtint trois ordonnances du roi Charles le Chauve. L’église de Reims rentrait en possession des biens qui lui avaient été enlevés, recevait confirmation de toutes les faveurs accordées par Louis le Débonnaire, obtenait l’exemption de tout impôt, et acquérait de nouvelles concessions de terrain, ainsi qu’un grand nombre d’ouvriers.

Vitrail de la basilique Saint-Remi de Reims représentant Hincmar

Vitrail de la basilique Saint-Remi de Reims
représentant Hincmar

Fort de ces nouvelles ressources, Hincmar poursuit avec zèle les travaux pendant dix-sept années, et célèbre enfin une nouvelle dédicace de ce temple, devant Charles le Chauve et tous les évêques de la province.

Si l’on en croit l’historien Flodoard, qui nous a laissé une description fort détaillée de cet édifice, c’était alors un des plus beaux monuments de la France. Les voûtes et les murs, décorés de peintures et de dorures éclatantes ; des pavés de marbre et de mosaïque ; des vitraux magnifiques ; la quantité et la beauté des sculptures ; de riches tapisseries ; de nombreux chefs-d’œuvre d’orfèvrerie ; attestaient aux regards émerveillés la pieuse munificence de ses fondateurs.

Les évêques qui se succédèrent sur le siège de Reims enrichirent l’édifice des plus magnifiques présents. Gerbert notamment, qui fut depuis pape sous le nom de Sylvestre II (999-1003), dota la cathédrale d’orgues hydrauliques, dans lesquelles la vapeur n’était pas destinée à faire mouvoir un mécanisme, mais bien à remplacer le vent dans le sommier et à faire parler les tuyaux. L’église d’Hincmar, comme celle de saint Nicaise, eut aussi ses grands souvenirs. Sous ses voûtes furent sacrés les derniers Carolingiens, Charles le Simple, Lothaire, Louis IV d’Outremer ; après eux , Hugues Capet, Robert, Henri Ier, Philippe Ier, Louis VII, Philippe Auguste. Plusieurs papes y présidèrent des conciles mémorables dans l’histoire de l’église.

Au milieu des bouleversements politiques qui signalèrent la dernière période des Carolingiens et les premières années des Capétiens (fin du Xe siècle), la cathédrale de Reims avait été respectée ; le quatrième siècle de son existence touchait à son terme, lorsqu’un effroyable incendie la dévora avec une partie de la ville.

Elle périt par le feu, le 6 mai 1210, sous le règne de Philippe Auguste, sans qu’il en soit resté aucune marque d’antiquité. Une chronique de l’abbaye de Saint-Nicaise, que cite Marlot, dit qu’ « elle n’estoit montée que de bois en manière de lambris. Le feu, s’estant glissé jusque dans le chœur, réduisit en cendres les saintes reliques, les ornements et les chartes : cette perte n’a pu estre réparée ; elle a osté à l’histoire les lumières qu’on auroit pu tirer du cartulaire d’une église aussi considérable. »

La cathédrale de Reims, vue du sud-ouest, par Domenico Quaglio (1787-1837)

La cathédrale de Reims, vue du sud-ouest, par Domenico Quaglio (1787-1837)

C’était alors le temps où, plus que jamais, les peuples étaient « dévorés du zèle de la maison du Seigneur » : alors, dans chaque province, on rivalisait à qui bâtirait sur de nouveaux modèles la plus belle église, la cathédrale la plus magnifique ; aussi, le désastre affreux de l’église de Reims ne pouvait rester longtemps sans être réparé. On se mit de suite à l’ouvrage, et les caisses du trésor, promptement épuisées, furent presque aussitôt remplies du produit immense des quêtes et des libéralités des princes, des seigneurs, du clergé et du peuple, tellement que, l’année suivante, le jour anniversaire de l’incendie, l’archevêque de Reims, Albéric de Humbert (1207-1218) put poser la première pierre du nouvel édifice, actuelle cathédrale.

 
 
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