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Des spectateurs sur la scène où évoluent les acteurs de théâtre. Brèves d'Histoire de France. Miettes historiques

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Brèves d’Histoire
Brèves d’Histoire de France : bribes et miettes historiques utiles à une meilleure connaissance de notre passé
Théâtre d’antan : des spectateurs sur
la scène même où évoluent les acteurs
(D’après « La Joie de la maison », paru en 1896)
Publié / Mis à jour le jeudi 6 octobre 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Il y avait au théâtre, du temps de Molière, une coutume qui nous paraîtrait bien étrange aujourd’hui, celle de donner des places aux spectateurs sur la scène même où évoluaient les acteurs...

Dans la pièce des Fâcheux de Molière, le personnage d’Eraste raconte comment, alors qu’il se trouvait sur le théâtre pour écouter la pièce et que les acteurs commençaient, un petit marquis y entre bruyamment, demandant tout haut qu’on lui apporte un siège, troublant la pièce par son fracas, traversant le théâtre à grands pas pour aller planter sa chaise « au milieu du devant », tournant le dos à la salle et lui cachant en partie les acteurs ; et dans la première scène du troisième acte du Misanthrope, Molière y revient, par la bouche d’Acaste, qui se vante de faire « figure de savant sur les bancs du théâtre, y décider en chef, et faire du fracas à tous les bons endroits qui méritent des ah ! »

Frontispice des Fâcheux de Molière

Frontispice des Fâcheux de Molière

À quelle époque remontait cette habitude de laisser des spectateurs se placer sur la scène autour des acteurs ? C’est ce que nous ne saurions dire, mais les Fâcheux étant de 1661 et le Misanthrope de 1666, on peut se convaincre que la critique de Molière avait déjà eu entre ces deux dates le résultat de faire remplacer les chaises par des bancs.

C’était une amélioration, puisqu’elle empêchait au moins les spectateurs d’aller et venir à leur gré sur la scène — ces bancs étant immobiles — pour y placer leur chaise au gré de leur fantaisie, mais elle laissait subsister les plus gros inconvénient : spectacle étouffé, scène rétrécie, gêne pour les entrées et sorties des comédiens pour les coups de théâtre et les grands mouvements de la tragédie, hostilités continuelles entre les spectateurs du parterre et ceux des banquettes, et donnait lieu parfois aux plus drôles incidents.

Par exemple, le marquis de Sablé arrivant au moment où l’acteur chante « nos prés, nos champs seront sablés », se croyant insulté, et allant gravement le souffleter, ou un plaisant du parterre faisant crouler la salle de rire en criant : « Place au facteur ! » à un acteur chargé d’apporter une lettre, et qui ne pouvant percer la foule des spectateurs massés au fond de la scène, agite son papier en l’air désespérément.

Cet état de choses durait cependant encore au milieu du XVIIIe siècle au Théâtre-Français, malgré les réclamations des auteurs ; c’est qu’il avait pour lui, outre la force si difficile à vaincre de la routine, l’intérêt pécuniaire des acteurs qui avaient avantage à maintenir des places qui se payaient fort cher ; il fallut la libéralité d’un grand seigneur ami des arts pour faire disparaître les banquettes ; le comte de Lauragais offrit aux comédiens la somme nécessaire pour les indemniser ; la proposition fut acceptée, il lui en coûta 60 000 francs, et le 31 mars 1759, l’acteur chargé de faire au public le discours de clôture à l’occasion des vacances annuelles de Pâques à la Quasimodo, annonça que désormais les’banquettes seraient supprimées et que le théâtre offrirait à l’action dramatique un espace où elle pourrait se mouvoir dans toute sa beauté et liberté.

Une représentation sous Louis XIV. Les spectateurs de marque assistaient à la représentation sur la scène, près des acteurs

Une représentation sous Louis XIV. Les spectateurs de marque assistaient
à la représentation sur la scène, près des acteurs

Quand on s’étonne que les chefs-d’œuvre de Corneille, Molière, Racine soient si peu remplis par comparaison avec nos pièces actuelles, d’action extérieure et de mouvement, il ne faut jamais oublier qu’elles ont été faites pour être ainsi représentées, et, que la disposition matérielle de la scène théâtrale encombrée de spectateurs, se prêtait alors fort mal à ce spectacle extérieur par lequel on supplée peut-être trop aujourd’hui à l’étude intérieure du cœur et de la passion.

 
 
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