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Légendes, croyances, superstitions. Pierre Mirou et Gargantua, vallée de l'Orge

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Légendes, Superstitions
Légendes, superstitions, croyances populaires, rites singuliers, faits insolites et mystérieux, récits légendaires émaillant l’Histoire de France
Tribulations (Les) de Gargantua
dans la vallée de l’Orge (Essonne)
(D’après « Bulletins et Mémoires de la
Société d’anthropologie de Paris », paru en 1932)
Publié / Mis à jour le mercredi 9 novembre 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Le personnage de Gargantua marqua tant les esprits que furent forgées au fil du temps des légendes qu’on tenait encore pour des faits certains au XIXe siècle malgré leur patente invraisemblance, attribuant notamment au géant de se défaire de graviers de sable ou encore d’être à l’origine de buttes parsemant la vallée de l’Orge

Le fameux géant Gargantua est resté trop vivant dans les souvenirs des paysans du Hurepoix pour qu’il n’ait point eu une existence antérieure à l’épopée rabelaisienne. C’est ainsi qu’au confluent naturel de l’Orge et de la Remarde, près de l’étang d’Ollainville, se trouve une roche fichée en terre, haute de 1m95 au-dessus de la prairie et bien connue localement sous la désignation de « Pierre Mirou » ou « Beau Mirou ».

Le confluent véritable de l’Orge et de la Remarde se trouve, géographiquement parlant, au bas de Villelourette, vers la Pierre Mirou. La Remarde a été canalisée jusqu’à Arpajon, comme on peut nettement le constater à Egly. Cette canalisation dallée (en partie) pourrait bien dater de l’époque gallo-romaine étant donnée sa proximité avec la Grande Cité de Fréville, près d’Egly, qui florissait dans la région au troisième siècle de l’ère chrétienne.

La Pierre Mirou

La Pierre Mirou

On désigne encore cette roche par le nom de Pierre Mirau ou Beaumirault. Il faut comprendre que dans la langue française, jusqu’au dix-huitième siècle, l’o existait à la place de l’a. Nous avons la localité Arny, dans la région de Bruyères, que les vieux paysans nomment, Orny. Ce menhir, car c’en est un, atteste par son appellation la possibilité d’avoir pu servir à se mirer jadis dedans. Il est en grès quartzeux lustré et trois légendes s’y rattachent depuis sans doute fort longtemps.

Voici d’ailleurs la première : Gargantua, emportant un jour à Paris une hottée de sable et se sentant gêné par un gravier qui s’était glissé entre le pied et le patin, voulut s’en débarrasser. Il le jeta alors dans les prés situés entre Dourdan, Etampes et Châtres (aujourd’hui Arpajon). Ce gravier, c’est la Pierre Mirou. Signalons que Châtres faisait partie, au IIIe siècle, du « Territorium Castreuse ». Le nom de Châtres ne se mua en celui d’Arpajon, localité du Cantal, qu’au XVIIIe siècle, en raison de la possession de ce fief par Louis de Séverac, marquis d’Arpajon.

La seconde légende veut que Gargantua, pour se reposer, mit sa tête sur la butte du Panthéon, puis allongeant ses pieds sur les sommets de Saint-Nicolas et de Torfou, il laissa choir, près de Bruyères-le-Chatel, une défécation qui se pétrifia dans la suite en Pierre Mirou.

Enfin, la troisième est la suivante : Gargantua partant de Marcoussis, passe à Orny (lisez maintenant Arny), puis il jette au loin, dans les prés, le gravier qui lui blessait le pied : c’est le menhir, dit la Pierre Mirou.

Ce n’est point tout. Dans la première légende, tandis que Gargantua transportait à Paris une hotte pleine de sable, une des bretelles cassa et une portion de son contenu se répandit sur le sol en formant la butte Saint-Nicolas. Or, le géant n’eut pas de chance : à peine avait-il rebuté dans les prés de Saint-Sulpice le gravier qui l’incommodait, que la seconde bretelle cassa et que ce qui restait dans sa hotte, venant à tomber, décida de la butte Saint-Yon.

Gargantua

Gargantua

Dans la troisième légende, Gargantua, après avoir retiré le gravier qui le gênait, se sent fatigué ; il décharge une partie de son fardeau consistant en une hottée de terre. C’est ainsi qu’il créa la butte Saint-Nicolas. Un peu plus loin, il vida tout ce qui restait dans sa hotte et constitua ainsi la butte Sainte-Marguerite. Les deux buttes Saint-Nicolas et Sainte-Marguerite forment en réalité les deux buttes-témoins de Bâville, près de Saint-Chéron, dans les Yvelines actuelles.

Aux environs de Rambouillet, il a été rencontré naguère une nécropole appelée « Les Gargans ». Cette dernière renfermait des tombes romaines et mérovingiennes. Le nom de « Gargans » rappelle bien le souvenir de l’existence de géants dans la contrée. Dans la vallée de l’Orge, on cite volontiers les noms de certains individus doués d’une force musculaire herculéenne dans le genre de celle que devait posséder Gargantua et qui pouvaient effectivement porter sur leurs épaules deux sacs de farine de 159 kilos chaque et en plus un homme d’au moins 70 kilos en poids.

Dans une zone voisine d’Etampes, entre les stations de Tourz et d’Angerville, nous rencontrons un dolmen qui représente, suivant la légende, un gravier qui blessait le pied de Gargantua : c’est la pierre clouée ou « Kélouée », à Erceville, canton d’Outarville. A quelques centaines de mètres, au sud de ce dolmen, s’élève un grand tumulus dit la butte d’Halemont. Cette butte résulte des dépatures du géant. Gargantua, en se dépatant, ou si l’on veut en enlevant la boue, attachée à ses sabots, forma ainsi le tumulus. Le tumulus d’Halemont remonterait à l’âge de la pierre polie.

D’après des recherches sur les légendes se rattachant à Gargantua, ce géant aurait eu une taille aussi grande que celle des plus grands arbres de nos forêts. Il plaçait tous ses serviteurs dans ses poches. En outre, il était toujours suivi d’un jeune valet ou drôle qui portait sur son dos la farine et le vin pour son prochain repas. Quand Gargantua avait choisi un endroit propre pour établir sa cuisine et sa table, il s’arrêtait.

A ce moment, le drôle déchargeait les vivres et se mettait à construire un fourneau, très grand, de quoi cuire, cent pains. Les serviteurs du géant sortaient de ses poches ; en moins d’une demi-heure, ils disposaient et servaient la table. Le repas se composait ordinairement d’un bœuf rôti, de quelques veaux, moutons et cochons. Un des gens de Gargantua, monté sur la table, remplissait les fonctions d’écuyer tranchant ; pendant ce temps, les autres, au moyen d’échelles appuyées sur les épaules du géant, introduisaient dans sa bouche la viande et le pain ; le drôle y versait le vin.

Après le repas, Gargantua dormait trente à quarante heures ; le drôle veillait sur lui et les autres domestiques faisaient disparaître les reliefs du repas. Les gens s’en allaient ensuite chercher de nouvelles et abondantes provisions.

Comme Gargantua était d’aucunes fois pris de violentes coliques, il poussait de si formidables cris que les régions qu’il traversait à ce moment-là demeuraient incultes et inhabitées. C’est ainsi que Gargantua parvint à épuiser toutes les ressources des contrées qu’il parcourait. Ces croyances pourraient bien constituer une réminiscence du passage terrible des Sarrasins au huitième siècle dans la Gaule romaine : toute la cité de Fréville, près d’Egly, construite sur plus de 4 kilomètres autour d’un Forum, a été anéantie par le feu en 732.

Gargantua fut, affirme-t-on encore, enterré sous une grosse pierre (dolmen), avec force flacons pour lui servir en l’autre monde. La vie, dès lors, reprit normalement son cours.

 
 
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