Livre histoire Fenestre. Son histoire, sa légende par Y. Brocart

Depuis des siècles, au faîte de la montagne, la Madone de Fenestre séjourne dans la solitude sublime d’un pertuis rectangulaire imitant assez bien une fenêtre, le Caïre de la Madone. Dès le printemps, elle quitte Saint-Martin-Vésubie et s’y élève par le vallon. Comme il importe en ces pays de grands froids, l’église à trois nefs est surmontée d’un toit aigu, fortement incliné vers le sol et capable de résister au poids formidable des neiges de plusieurs mètres d’épaisseur.

Bien avant la conquête romaine, le col fut occupé par les Ligures qui établirent la route Héracléenne que les Romains utilisèrent après l’avoir rectifiée. Ces derniers construisirent également des voies transversales pour relier, à travers les cols, les routes transalpines aux routes de la mer. La plus importante de la chaîne maritime utilisa le col de Fenestre sur lequel fut édifié un temple dédié à Jupiter. Quelques siècles plus tard, les bénédictins dressèrent un autel à Notre-Dame des Grâces sur son emplacement.

Au X^e siècle, le comte de Provence leur ayant permis de s’installer sur les deux versants des Alpes, les Sarrasins massacrèrent les moines, pillèrent, brûlèrent et anéantirent les abbayes. Quand ils arrivèrent à Fenestre, ils cherchèrent la Madone des Grâces pour dérober ses bijoux. Elle avait disparu. Lorsque, vers 973, les envahisseurs furent expulsés de Provence, les fidèles entreprirent une œuvre de restauration. La Vierge n’était toujours pas là. Mais brusquement, une vive lumière resplendit depuis le Caïre de la...