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Poire d'angoisse. Anecdotes historiques

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Inventions, Découvertes
Inventions et découvertes dans les domaines des sciences et des arts. Origine des travaux de recherche ou des trouvailles fortuites.
Poire d’angoisse (La)
(D’après « Inventaire général de l’histoire
des larrons », paru en 1629)
Publié / Mis à jour le dimanche 3 décembre 2023, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Cet instrument était une sorte de petite boule, qui, par de certains ressorts intérieurs, venait à s’ouvrir et à s’élargir, en sorte qu’il n’y avait moyen de la refermer ni de la remettre en son premier état qu’à l’aide d’une clef, faite expressément pour ce sujet

Voici ce que qu’affirme l’Inventaire des larrons de 1629 : le premier qui éprouva cette maudite et abominable invention, ce fut un gros bourgeois riche et opulent des environs de la place Royale, nommé Eridas. Un jour où il était seul en sa maison avec son homme de chambre et son laquais, Palioli vint frapper à sa porte, accompagné de trois autres vauriens comme lui.

Le laquais, croyant que ce fussent quelques gentilshommes, alla avertir son maître, qui était encore dans le lit, et les fit entrer dans la salle ; comme ils restèrent là quelque temps, ils se conseillèrent par ensemble ce qu’ils devaient pratiquer en ceci.

Poire d'angoisse
Poire d’angoisse

Les uns voulaient tuer le bourgeois, les autres non. Sur cette contestation Eridas arrive et leur demande ce qui leur plaisait ; Palioli le prend par la main, et le tire à quartier avec ces mots enflés de blasphème et jurement étranges : « Monsieur, il faut nécessairement que je vous tue, ou que vous nous donniez ce que nous vous demandons : nous sommes pauvres soldats, qui sont contraints de vivre de cette façon, puisque maintenant nous n’avons autre exercice. »

Le bourgeois surpris pensa crier au voleur ; mais à l’instant les trois autres accoururent, et l’empoignant lui firent ouvrir la bouche et lui mirent leur poire d’angoisse dedans, qui en même temps s’ouvrit et se délâcha, faisant devenir le pauvre homme comme une statue béante et ouvrant la bouche sans pouvoir crier ni parler que par les yeux.

Une victime de la poire d'angoisse
Une victime de la poire d’angoisse. © Crédit illustration : Araghorn

Ce fut alors que Palioli prit les clefs de sa pochette et ouvrit un cabinet où il prit deux sacs de pistoles ; ce qu’ayant fait à la vue même du bourgeois, Dieu sait quelle angoisse Eridas eut, et quelle tristesse de voir ainsi emporter son bien sans pouvoir sonner mot, outre que l’instrument lui causait une grandissime douleur ; car plus il tâchait à le retirer et l’ôter de sa bouche, plus il l’élargissait et l’ouvrait, en sorte qu’il n’avait à faire autre chose que prier de signes lesdits voleurs de lui ôter ce qu’il avait en la bouche ; mais, lui ayant rendu les clefs de son cabinet, ils s’en allèrent avec son argent.

Eridas, les voyant dehors, commença à aller quérir ses voisins, et leur montra par gestes qu’on l’avait volé ; il fit venir des serruriers qui tâchèrent à limer ladite poire d’angoisse, mais plus ils limaient et plus elle lui faisait de tourments ; car même en dehors il y avait des pointes qui lui entraient dans la chair. Il demeura dans cet état jusqu’au lendemain.

Usage de la poire d'angoisse. Détail d'une gravure publiée dans Les bagnes : histoire, types, moeurs, mystères par Maurice Alhoy (1845)
Usage de la poire d’angoisse. Détail d’une gravure publiée dans
Les bagnes : histoire, types, moeurs, mystères par Maurice Alhoy (1845)

Or comme la cruauté ne loge pas toujours dans un esprit, un des quatre voleurs persuada ses compagnons qu’il ne fallait pas être cause de la mort d’Eridas. Ce dernier reçut la bienheureuse clef et une lettre ainsi conçue :

Monsieur, je ne vous ai point voulu maltraiter, ni être cause de votre mort. Voici la clef de l’instrument qui est dans votre bouche, elle vous délivrera de ce mauvais fruit. Je sais bien que cela vous aura donné un peu de peine, je ne laisse pas pourtant d’être votre serviteur.

Voilà l’invention abominable de poire d’angoisse qui depuis fut plusieurs fois mise en œuvre par les coupeurs de bourses qui s’en servaient pour attraper par ce moyen les marchands, et pour leur faire confesser où ils mettaient leur argent.

 
 
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