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9 mars 1661 : mort de Mazarin d'une crise d'urémie

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9 mars 1661 : mort de Mazarin
d’une crise d’urémie
Publié / Mis à jour le lundi 9 mars 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Jules Mazarin, né à Pescina dans les Abruzzes (Italie), en 1602, d’une famille noble, gouverna la France après le décès du cardinal de Richelieu, depuis l’année 1648 jusqu’à sa mort, arrivée au château de Vincennes en 1661. Il régna au milieu des orages. Tout ce qu’on a fait contre lui de chansons et de libelles formerait une bibliothèque considérable. On se bornera ici à quelques résultats généraux.

Ce ministre, qu’on a tant comparé avec Richelieu, son prédécesseur et son protecteur, avait sans doute moins d’étendue d’esprit, moins d’élévation dans l’âme, moins d’énergie dans le caractère. L’un gouvernait par la force, l’autre par l’adresse, aucun parla raison ni par la justice : l’un accablait ses ennemis, l’autre les trompait ; l’un commandait, l’autre négociait.

Le cardinal Mazarin

Le cardinal Mazarin

Si l’on examine de quelle utilité ils ont été au monde, et qu’on les compare sous ce point de vue, il vaut certainement mieux avoir apaisé des troubles que d’en avoir fait naître ; il vaut mieux avoir terminé la guerre de Trente Ans que de l’avoir entretenue et ranimée. La paix de Westphalie et celle des Pyrénées, sont deux époques qui élèvent Mazarin au-dessus de Richelieu et des plus grands ministres : tant de droits réglés par le traité de Westphalie ; la souveraineté des Pays-Bas irrévocablement reconnue ; la liberté de l’Allemagne et l’indépendance de ses princes assurées, et le code germanique fondé pour l’avenir sur celte base solide ; la rivalité des maisons de France et d’Autriche, suspendue par le traité des Pyrénées ; de nouveaux nœuds formés entre ces deux maisons, et, par l’effet de ces nœuds, la succession d’Espagne présentée de loin à la France, qui la recueillit dans la suite : ces monuments de paix valent bien l’honneur d’avoir inventé des moyens nouveaux, ou renouvelé des moyens anciens de troubler l’Europe.

On a beaucoup vanté Richelieu d’avoir abaissé les grands et les corps intermédiaires. La preuve qu’il ne les avait point abaissés, c’est la guerre de la Fronde et la faiblesse des motifs apparents qui la firent naître. Quelques édits bursaux, peu onéreux, exigés d’ailleurs par les conjonctures, que Mazarin avait envoyés au parlement pour être enregistrés, auraient-ils excité une si violente tempête contre un ministre doux et modéré, si une multitude d’autres impôts établis dès le temps du cardinal de Richelieu, et l’inexactitude à payer les créanciers de l’Etat, fruit d’une guerre longue et ruineuse, n’avaient aigri depuis Iongtemps les esprits ? Les troubles de la Fronde n’éclatèrent que sous Mazarin ; mais Richelieu en avait fourni et développé le germe. Mazarin, sans avoir eu le tort de les exciter, eut le talent de les dissiper, et le bonheur de triompher deux fois de la haine publique qu’il n’avait pas méritée.

C’est par l’amour des lettres que le cardinal de Richelieu est supérieur à l’indifférent Mazarin, qui n’aimait que la fortune ; il reste cependant un monument précieux du cardinal Mazarin : c’est le collège et la bibliothèque qui portaient son nom encore en 1789. On sait si Richelieu était vindicatif et sanguinaire ; Mazarin, quoiqu’il se soit cru forcé à quelques coups d’autorité assez hardis, ne savait point haïr, oubliait aisément les injures, et en a pardonné quelques-unes assez généreusement.

L’ambition de Richelieu se portait à tous les objets : il voulait être tantôt patriarche des Gaules, tantôt électeur de Trêves, tantôt régent du royaume après Louis XIII qu’il voyait mourant, sans voir qu’il l’était lui-même davantage : il avait aussi l’ambition d’être canonisé. Il paraît que le grand but de l’ambition de Mazarin était d’amasser des richesses ; Richelieu voulait être riche pour être puissant ; Mazarin voulait être puissant pour être riche.

Richelieu et Mazarin eurent tous deux le ridicule de vouloir usurper la gloire d’autrui dans un genre qui leur était étranger : Richelieu voulait que Corneille lui cédât la tragédie du Cid ; Mazarin, que Turenne lui cédât la victoire des Dunes et la campagne de 1653. Le président Hénaut a fait un beau portrait du cardinal Mazarin : il est un peu embelli comme ceux de Valerius Paterculus son modèle ; mais il a de grands traits de vérité.

« Le cardinal Mazarin était aussi doux que le cardinal de Richelieu était violent. Un de ses plus grands talents, fut de bien connaître les hommes. Le caractère de sa politique était plutôt la finesse et la patience que la force. Opposé à dom Louis de Haro, comme Richelieu l’avait été au duc d’Olivarès, après être parvenu, au milieu des troubles civils de la France, à déterminer toute l’Allemagne à nous céder de gré ce que son prédécesseur lui avait enlevé par la guerre, il sut tirer un avantage encore plus précieux de l’opiniâtreté que l’Espagne fit voir alors ; et après lui avoir donné le temps de s’épuiser, il l’amena enfin à la conclusion de ce célèbre mariage qui acquit au roi des droits légitimes et vainement contestés sur une des plus puissantes monarchies de l’univers.

« Ce ministre pensait que la force ne doit être employée qu’au défaut des autres moyens, et son esprit lui fournissait le courage conforme aux circonstances. Hardi à Casai, tranquille et agissant dans sa retraite à Cologne, entreprenant lorsqu’il fallut faire arrêter les princes, mais insensible aux plaisanteries de la Fronde ; méprisant les bravades du coadjuteur, et écoutant les murmures de la populace, comme on écoute du rivage le bruit des flots de la mer.

« Il y avait dans le cardinal de Richelieu quelque chose de plus grand, de plus vaste et de moins concerté ; et dans le cardinal Mazarin, plus de mesures et moins d’écarts : on haïssait l’un, et on se moquait de l’autre ; mais tous deux furent les maîtres de l’Etat. »

Le roi et la cour portèrent le deuil à la mort du cardinal. On a prétendu qu’il avait amassé plus de deux cents millions : cette immense richesse a été révoquée en doute ; mais ce qui n’est pas douteux, c’est que, sans être prêtre, il était évêque de Metz, et possédait les abbayes de Saint-Arnould , de Saint-Clément, de Saint-Vincent, de Saint-Denis, de Cluny, de Saint-Victor de Marseille, de Saint-Médard de Soissons, et un grand nombre d’autres.

Les mariages de ses nièces furent de grandes et importantes affaires. Charles II, depuis roi d’Angleterre, alors fugitif et proscrit pendant la tyrannie de Cromwell, demanda au cardinal Mazarin une de ses nièces en mariage, et fut refusé. Quand il fut remonté sur le trône, Mazarin voulut renouer la négociation, il fut refusé à son tour. La plus célèbre des nièces du cardinal fut Hortense Mancini, qu’il fit principale héritière. Elle avait épousé, en 1661, le fils du maréchal de la Meilleraye, qui prit le nom du duc de Mazarin, homme aussi connu par la bizarrerie de son esprit, que sa femme l’était par son esprit et par sa beauté. Très malheureuse avec son mari, elle voulut s’en faire séparer, et n’ayant pas pu y réussir, elle s’en sépara de fait, en fixant son séjour en Angleterre.

Peut-être ne sera-t-on pas fâché de trouver ici quelques-unes des nombreuses épitaphes que l’on fit à ce ministre :

Ci-gît l’Eminence deuxième ;
Dieu nous garde de la troisième !

Enfin, le cardinal a terminé son sort !
Que direz-vous, Français, de ce grand personnage ?
Il a fait la paix, il est mort :
II ne pouvait pour vous en faire davantage.

Ci-gît que la goutte foula
Depuis les pieds jusqu’aux épaules ;
Non Jules qui conquît les Gaules,
Mais le Jules qui les gaula.

Dedans la ville de Mazare,
Mazarin vivait en Lazare,
Réduit à la mendicité :
Mais les bienfaits d’Anne d’Autriche,
De Lazare ressuscité,
L’ont fait mourir en mauvais riche.

Vous qui passez près de ce lieu,
Venez jeter, au nom de Dieu,
A Mazarin de l’eau bénite.
Il en donna tant à la cour,
Que c’est bien le moins qu’il mérite
D’en avoir de vous à son tour.

 
 
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