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Il souvient toujours à Robin de ses flûtes. Origine, signification proverbe, expression populaire. Dictionnaire locutions

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Expressions, Proverbes
Proverbes et expressions populaires d’usage courant : origine, signification d’expressions proverbiales de la langue française
Il souvient toujours à Robin de ses flûtes
Publié / Mis à jour le vendredi 24 avril 2020, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Pour indiquer une personne qui fait toujours retomber le discours sur ce qui la touche

Un des plus grands adorateurs de Bacchus était un certain Robin, homme puissamment riche, et possesseur de la cave la mieux montée de la capitale. Son seul plaisir était d’avoir les premières têtes de vin des vignobles les plus célèbres de France, et de les faire goûter à ses amis, dont le nombre passablement considérable, s’augmentait encore tous les jours, parce qu’il n’était rien moins que chiche du contenu de ses feuillettes.

Le grand exercice qu’il avait dans l’art de pinter, en fit un si grand maître, que pour éviter la peine de verser si souvent, il mit au rebut les petits verres ordinaires, et fit une collection de flûtes (nom que l’on donnait à des coupes d’une grande chopine) qu’il rangea avec le plus grand ordre dans un buffet préparé pour cet effet, et où chaque flûte avait sa place particulière, indiquée par une étiquette en gros caractères d’or.

Monsieur Sacavin, buveur d'excellent vin de Bourgogne. Détail du jeu de l'oie des Cris de Paris, du XVIIIe siècle
Monsieur Sacavin, buveur d’excellent vin de Bourgogne.
Détail du jeu de l’oie des Cris de Paris, du XVIIIe siècle

Comme il commençait ses orgies de bon matin, l’heure du dîner n’était pas encore arrivée que ses jambes lui refusaient souvent tout service. Ne voulant confier la clef de son cellier à personne, et étant obligé d’être lui-même son sommelier, il faisait souvent des entrechats si malheureux, qu’il en était toujours pour la plus grande partie des bouteilles dont il était chargé.

Trop bon chrétien pour voir d’un oeil indifférent revivre dans sa maison, le temps de ces libations que le paganisme faisait à ses divinités, il changea de plan de conduite, et consacra le moment de son lever au transport de la pitance de sa journée.

Par suite d’une intempérance que ses amis de bouteille rendaient tous les jours plus incurable, il devint podagre à un tel point, qu’il lui fut impossible de quitter le lit. Désolé de ne pouvoir plus se livrer à ses occupations favorites et de négliger ses chères flûtes, il fit venir l’Esculape le plus en vogue de la ville, lui fit le tableau le plus touchant de son malheur, et le supplia d’épuiser son art pour le tirer d’un état aussi torturant.

Le médecin qui connaissait l’apôtre aussi bien que la source de sa maladie, lui ordonna de rompre avec ses chères flûtes, et ne lui en permit qu’une chaque jour, qui encore devait être coupée de deux grands tiers d’eau. Pittaval dans ses causes célèbres, ne nous livre point de plaidoyer plus éloquent que celui que fit Robin en faveur de ses aimables flûtes ; mais malgré toute son érudition, il baissa pavillon à la sentence du docteur qui, du ton le plus tranchant, lui dit : « Monsieur, choisissez, ou faites vos adieux à vos flûtes, ou commandez votre cercueil. »

Enfants mousquetaires buvant du vin à la paille. Chromolithographie de 1880
Enfants mousquetaires buvant du vin à la paille. Chromolithographie de 1880

Robin, atterré d’une alternative aussi inattendue, rendit enfin les armes, et promit de se conformer à l’ordonnance. Malgré sa soumission, il ne prenait pas de fois sa pauvre flûte sans pousser un profond soupir, et laisser couleur quelques larmes. Aucun de ses amis ne venaient le voir, sans lui entendre dire : « Ah ! où est le temps où armés de nos flûtes, nous buvions force rasades ! »

Ces amis, las de toujours entendre les mêmes jérémiades, et bien plus encore de ne plus voir de flûtes, s’éclipsèrent petit à petit, et se contentèrent de faire demander quelquefois des nouvelles de Robin au docteur, qui ne cessait de leur donner pour réponse : « Il souvient toujours à Robin de ses flûtes. » Cette réponse passant de bouche en bouche, donna enfin lieu à ce proverbe, dont le sens est d’indiquer une personne qui fait toujours retomber le discours sur ce qui la touche.

 
 
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