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HISTOIRE de la CORRÈZE (19)
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La partie basse du département de la Corrèze a été occupée par l'homme primitif dès la fin de l'époque quaternaire ; les haches en silex trouvées sur quelques plateaux des environs de Brive, les fouilles faites dans plusieurs grottes naturelles en fournissent la preuve. Ces grottes sont situées dans le vallon de Planche-Torte, commune de Brive, sauf une qui se trouve dans la vallée de la Corrèze, entre Brive et Malemort. La peuplade sans nom qui a vécu sous ces sauvages abris y a laissé les débris de son industrie, d'abondants silex taillés ; et les ossements du renne attestent que les premiers habitants des environs de Brive ont co-existé avec une faune bien différente de la faune actuelle. La période néolithique est représentée par de rares haches en pierre polie, trouvées sur divers points du département.

Les premiers peuples du Limousin dont on peut retrouver quelques traces dans les annales historiques furent les Galls, qui occupaient le centre, le sud-est et l'est de l'ancienne Gaule, à laquelle ils donnèrent leur nom ; on les retrouvait encore dans la Grande-Bretagne, I'IrIande et les îles environnantes. Seulement, tandis que dans la Gaule les traces de leur langue, de leurs moeurs, de leurs noms de personnes et de lieux ont complètement disparu, dans l'Irlande et dans l'Écosse actuelles la race et la langue gaëliques n'ont subi que de légères altérations.

D'autres races sont venues, en effet, se mêler successivement aux Galls de la Gaule pour former notre nation. Dès longtemps avant Jésus-Christ, avaient commencé ces grands déplacements de peuples du Nord vers le Sud, que l'on désigne communément sous le nom d'invasions des Barbares. Du septième au quatrième siècle avant notre ère, une race nouvelle se répandit dans la Gaule par plusieurs invasions successives. Cette race était celle des Kymris, que les Romains appelaient Cimbres, et que l'on croyait originaires de la péninsule Cimmérienne, appelée aujourd'hui Crimée, sur les bords de la mer Noire. Les Kymris, hostiles d'abord, finirent par se fondre avec les Galls.

Plus tard vinrent les Romains, les Germains et les Francs, et ce sont ces éléments divers qui ont constitué notre nation française. Cependant l'unité de la nation n'existait pas alors comme aujourd'hui ; chaque grande race se subdivisait en une multitude de peuplades secondaires qui se réunissaient quelquefois dans le cas d'un danger ou d'un intérêt commun, mais qui, absolument indépendantes l'une de l'autre, étaient maîtresses de leurs destinées.

La tribu qui habitait la Corrèze au moment de la conquête romaine était celle des Lemovices ou Limousins. Le territoire qu'elle occupait se trouvait plus étendu que celui de l'ancienne province du Limousin ; il empiétait sur les départements actuels du Lot et du Cantal au sud-est et de la Dordogne à l'ouest. Cette configuration, qui fut celle de la cité romaine et, suivant toutes les vraisemblances, celle de la cité gauloise, n'a été modifiée à son détriment qu'à l'époque carlovingienne.

Lorsque César, à la tête de ses légions, marcha à la conquête de la Gaule, il rencontra la plus énergique résistance chez ces peuplades que le sentiment du danger avait rassemblées et unies en une seule nation. Vercingétorix, nommé généralissime, opposa à la tactique romaine une indomptable énergie et une bravoure qui étonnèrent ses ennemis. Mais, s'étant laissé enfermer à Alésia, il fut obligé de se rendre à César, qui, moins grand que son rival, le fit charger de chaînes et en orna son triomphe. Vercingétorix, digne d'un meilleur sort, fut étranglé à Rome l'an 46 avant J.-C. Les Lémovices avaient envoyé 10 000 guerriers au secours d'Alésia ; leur chef, Sedullix, fut une des victimes de cette journée, qui décida du sort de la Gaule.

Le cadurce Luctère, échappé au désastre d'Alésia, alla s'enfermer dans Uxellodunum, ville aujourd'hui détruite, qui occupait, selon quelques archéologues, l'emplacement d'Ussel ; mais Uzerche, Cahors, Capdenac, Luzech et Puy-d'Issolu revendiquent aussi ce titre de gloire. Quoi qu'il en soit, Luctère, assiégé par César, fut enfin obligé de se rendre au proconsul, qui fit couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes. Après la conquête romaine, la Gaule tout entière ayant été partagée en provinces, la Corrèze fit partie de l'Aquitaine jusqu'au Ve siècle.

Pendant cette occupation, le christianisme y fut prêché. La religion de ce pays, comme dans toute la Gaule, était la religion druidique. Ce nom lui vient des Druides, qui en étaient les prêtres. Le rôle des Druides, au dire de César, était d'accomplir les sacrifices, d'instruire la jeunesse et de rendre la justice. Suivant les auteurs latins, ils croyaient à l'immortalité de l'âme et à l'unité de Dieu. Aristote et Pline en parlent avec le plus grand respect. Mais une coutume barbare, celle des sacrifices humains, souillait cette morale élevée. Auguste défendit ces sacrifices par un décret rendu l'an 14 avant J.-C. L'empereur Claude, à son tour, abolit le culte et le sacerdoce des Druides. Mais les décrets sont impuissants à détruire une croyance. Les Druides se cachèrent au fond des bois, où les suivaient leurs adeptes.

Une lueur nouvelle, partie de l'Orient, devait éclairer les sombres forêts dans lesquelles avaient lieu les sacrifices sanglants, et faire comprendre à ces peuples aveuglés l'horreur de ces barbares coutumes. Ce flambeau fut le christianisme. Saint Martial, premier évêque de Limoges, fut l'apôtre de la foi nouvelle dans l'Aquitaine, au IIIe siècle. La tradition lui attribue de nombreux miracles opérés à Tulle et dans les environs. Elle constate, en outre, le martyre, aux portes de Brive, de sainte Ferréole, et, dans la ville même, celui de saint Martin, noble espagnol qui venait y renverser les restes du paganisme. Malgré les persécutions des empereurs, le nombre des prosélytes alla toujours augmentant. Au IVe siècle, saint Martin prêcha aussi dans la Corrèze, et la cause du christianisme fut définitivement gagnée dans cette partie de la Gaule.

A l'époque de l'invasion des barbares, la Corrèze fut d'abord envahie et saccagée par les Vandales et les Alains, puis par les Visigoths. Ceux-ci, qui étaient ariens, non contents de ravager le pays, persécutèrent les chrétiens. En 507, Clovis, roi des Francs, appelé par les évêques du Midi, marcha contre les persécuteurs et les défit complètement à la bataille de Vouillé, près de Poitiers, en tuant de sa propre main leur roi Alaric. La Corrèze tomba au pouvoir du vainqueur ; au partage de la monarchie, elle fit partie du royaume de Paris, qui avait pour roi Caribert ; puis, à la mort de ce dernier, elle passa sous la domination de Chilpéric, roi de Soissons.

En 584, un fils naturel de Clotaire, Gondowald, revenu de Constantinople pour faire valoir ses prétendus droits sur l'Aquitaine, se fit proclamer roi à Brive par les nombreux partisans que la crédulité ou le goût des aventures avait attachés à sa cause. Mais il ne porta pas loin ce titre usurpé ; les soldats de Gontran, l'ayant poursuivi, l'assiégèrent à Lugdunum (Saint-Bertrand de Comminges) et le précipitèrent du haut d'un rocher.

La Corrèze fut, plus lard, ravagée par les Sarrasins et réunie à l'Aquitaine sous les ducs Hunald et Waïfre, qui firent à Charles Martel et à Pépin le Bref une longue guerre, terminée seulement sous Charlemagne. L'empereur établit alors dans le pays des comtes ou gouverneurs, qui furent les chefs des grandes familles féodales de Ségur, de Turenne, de Ventadour et de Comborn. Il plaça la Corrèze dans le royaume d'Aquitaine, qu'il donna de son vivant à son fils Louis le Débonnaire. Celui-ci, à son avènement au trône, en 814, abandonna l'Aquitaine à son fils Pépin ler, mort à Poitiers en 838. Pépin II, fils de Pépin Ier, fut proclamé roi d'Aquitaine par les seigneurs du pays, qui aspiraient à une nationalité indépendante. Charles le Chauve, par le traité de Saint-Benoît-sur-Loire, en 845, lui céda l'Aquitaine, à condition qu'il reconnaîtrait sa suzeraineté. Pépin, s'étant révolté en 850, fut défait par Charles, qui, en 853, le fit enfermer à Senlis. Les Normands, profitant de ces troubles, envahirent le pays, qu'ils pillèrent et incendièrent. Raoul de Bourgogne les attaqua et les défit à la sanglante bataille d'Estresses, près de Beaulieu.

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