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![]() HISTOIRE du MORBIHAN (56)
Sans se déconcerter, elle s'était réfugiée dans un château voisin, avait rassemblé de nouvelles forces, avait retraversé les lignes ennemies et revenait victorieuse. Cependant la ville allait succomber. On parlait de se rendre. Jeanne seule résistait et promettait un secours des Anglais. « Attendez trois jours, disait-elle, trois jours encore ! » Des fenêtres du château, elle interrogeait sans cesse l'horizon ; enfin, les trois jours écoulés, au moment où le désespoir devenait extrême dans la cité, la comtesse aperçut au loin sur la mer une forêt de voiles. C'était le secours attendu. Hennebont était sauvé. Ce fut dans cette ville que Jean de Montfort, échappé à une longue captivité, vint mourir en 1345, mais sans inquiétude pour la cause de son fils, défendue avec tant d'intrépidité par la comtesse.
La petite ville de Josselin était la capitale du Porhoët ou du Por-tre-coët, c'est-à-dire du pays d'au delà les bois. Elle joua également un grand rôle dans toutes les guerres de Bretagne et passa à une famille célèbre entre toutes dans les annales bretonnes, celle d'Olivier de Clisson. Elle conserve encore son tombeau et celui de sa femme. Ce fut sous les murs d'Auray, lorsque la première période de la guerre de Cent Ans était terminée par la paix de Brétigny, que la grave question de la succession de Bretagne fut résolue, en 1364. Une bataille décisive s'y livra entre Jean IV de Montfort, et Charles de Blois. Les troupes de ce dernier furent défaites, malgré la vaillance de Du Guesclin. Charles de Blois périt. Du Guesclin, blessé et couvert de sang, se vit obligé de se rendre. Clisson, qui combattait pour Montfort, y perdit un oeil, et contribua autant que Chandos à la victoire. Auray ne cessa d'être, à toutes les époques, vivement disputée par les partis contraires. Clisson, passé au service de la France, commandant l'armée de Charles V, y entra en 1377 ; elle eut encore à soutenir des attaques de la part du duc Jean IV en 1380, des troupes de Charles VIII en 1487. A Vannes, un château fameux joue aussi un rôle important dans l'histoire de la Bretagne, le château de I'Hermine. Le duc Jean IV, qui avait fait construire ce château, y attira son ennemi Olivier de Clisson, pour le lui faire visiter et l'y enferma. Cette trahison indigna toute la Bretagne et la cour de France, où régnait alors Charles VI (1387). Jean IV se vit contraint de relâcher son prisonnier, non sans lui avoir fait payer une énorme rançon. Sous Charles VII, la contrée de Vannes s'enorgueillit d'Arthur de Richemont (né au château de Sucinio, dans la presqu'île de Rhuis), le soutien de Jeanne d'Arc à Patay, le véritable vainqueur de Formigny, et le principal, sinon le seul organisateur des fameuses compagnies d'ordonnances, notre première armée permanente. Arthur de Richemont mourut duc de Bretagne en 1458. Après le Moyen Age, après la duchesse Anne, femme de Charles VIII et de Louis XII, après le mariage de sa fille Claude avec François ler, la Bretagne se rattache à la France, et c'est à Vannes, en 1532, sous François Ier, que les Etats demandèrent et sanctionnèrent la réunion définitive de la province à la Couronne de France. Les Etats de Bretagne se réunirent encore plusieurs fois à Vannes, dans les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Ce fut à Vannes aussi que mourut, en 1419, un prédicateur honoré par les habitants comme un apôtre et vénéré ensuite comme le patron de la ville, saint Vincent Ferrier. Les guerres de la Ligue eurent leur contre-coup dans le pays du Morbihan, mais sans amener de faits saillants, et sous le règne de Louis XIV le département s'enrichit d'une nouvelle ville qui dut sa fortune au développement de notre commerce maritime. « Nous avons fait depuis trois jours, écrivait Madame de Sévigné, le 13 août 1689, à madame de Grignan, le plus joli voyage du monde au Port-Louis, qui est une très belle place, située comme vous le savez ; toujjours cette belle pleine mer devant les yeux. Le lendemain nous allâmes en un lieu qu'on appelle Lorient, à une lieue dans la mer ; c'est là qu'on reçoit les marchands et les marchandises qui viennent d'Orient. » Lorient commença en effet par être le port de la Compagnie des Indes, instituée par Colbert en 1664. Cette Compagnie, en 1719, à l'époque du fameux système de Law, se fondit avec la Compagnie d'Occident et développa encore ses opérations. Elle acquit d'immenses terrains sur les rivages du Scorff et du Blavet, établit des magasins, des chantiers de construction, et bientôt s'élevèrent comme par enchantement de superbes quais, des cales, des machines à mâter, des ateliers, de vastes magasins d'entrepôt, puis à côté de somptueux hôtels, une chapelle, un hôpital, des casernes. Une ceinture de remparts entoura la ville, qui, en 1738, fut érigée en corps de communauté et obtint le droit de députer aux Etats de la province. Le bassin de Lorient contenait en 1745 trente-cinq vaisseaux ou frégates, et c'est dans ce port que la Bourdonnaye appareilla en 1740 pour aller faire aux Anglais une guerre heureuse dans les Indes. Aussi les Anglais en 1756 voulurent-ils détruire Lorient : ils firent une descente sur la côte, dans la baie du Pouldu, à l'est de Lorient, mais ils échouèrent dans toutes leurs attaques. Malheureusement l'inepte gouvernement de Louis XV laissa les Anglais triompher aux Indes, et la perte de nos belles colonies amena rapidement la décadence de la Compagnie et de son port. La Compagnie languit jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, puis ses magnifiques créations, ses chantiers, ses arsenaux passèrent a l'Etat. Sous l'Empire, Napoléon, toujours préoccupé de la lutte contre les Anglais, développa encore les bâtiments du port de Lorient et voulut en faire une de nos principales places fortes maritimes. La petite ville de Port-Louis, voisine de Lorient, fut également transformée en port militaire. La guerre néfaste de Vendée et de Bretagne touchait à sa fin en 1795, lorsqu'une troupe d'émigrés fut débarquée à Quiberon, le 4 juillet 1795. Cette troupe, grossie par des volontaires, se trouva bientôt portée à quinze ou seize mille hommes. Le général Hoche, chargé d'arrêter cette armée, culbuta ses avant-postes et la refoula dans la presqu'île, où elle se vit presque aussitôt enlever, avec le fort Penthièvre, sa dernière chance de salut. Placés entre les canons des républicains et les batteries des vaisseaux anglais qui leur ripostaient, les royalistes périrent en grande partie. Un grand nombre, comptant sur les lois ordinaires de la guerre, se rendirent, ayant parmi eux M. de Sombreuil et l'évêque de Dol, M. René de Hercé. Les prisonniers, conduits à Auray, y furent traduits devant un conseil de guerre, condamnés à mort et, au nombre de 932, fusillés dans un champ que baigne la rivière et auquel on a donné dans le pays le nom de Champ des Martyrs. D'autres prisonniers furent conduits à Vannes et également fusillés. Ces massacres, auxquels Hoche eût voulu s'opposer, furent ordonnés par les représentants de la Convention. RETOUR première partie |
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