Balade au coeur de nos départements
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HISTOIRE du MORBIHAN (56)
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Aucun département ne nous transporte, par son histoire, à des âges plus reculés ; aucun ne possède des souvenirs plus nombreux et plus grandioses d'époques inconnues, de peuples oubliés qui n'ont laissé, pour tout souvenir, que des pierres étranges, malheureusement sans noms et sans inscriptions. Sur la plage solitaire de Carnac, près d'Auray, cinq ou six cents de ces énormes pierres, plantées en terre par un prodige de travail, sont rangées sur plusieurs files qui se déroulent sur une longueur de plus d'une demi-lieue. Débris des Alignements de Carnac qui comptèrent jusqu'à quatre mille pierres, ces monuments inexplicables font toujours l'étonnement du voyageur et demeurent comme une énigme que la science ne petit déchiffrer.

Partout dans le Morbihan se retrouvent des monuments non moins étranges, des mégalithes à Locmariaquer, dans les îles du Morbihan, dans la presqu'île de Rhuis, dans les landes de Grandchamp, d'Elven, etc. Ces menhirs (pierres debout), ces dolmens (pierres horizontales supportées par des pierres verticales) ont été longtemps considérés comme des monuments ou des autels druidiques. Sous ces dolmens, dans ces allées couvertes, on retrouve des indices certains de sépultures, et nous sommes en présence des tombeaux de peuples qui, ainsi que les Égyptiens, regardaient ces demeures dernières comme les demeures éternelles et les bâtissaient, du moins celles des principaux chefs, pour l'éternité.

Aux temps historiques, le Morbihan fut le séjour d'une véritable puissance maritime, celle des Vénètes. L'Océan formait sur les côtes une mer fermée et semée de nombreuses îles : le golfe du Morbihan, qui a donné son nom au département. Les Vénètes (habitants de Vannes, en breton Gwened) possédaient, suivant le témoignage de César, de nombreux navires à l'aide desquels ils faisaient le commerce avec la Grande-Bretagne ; ils étaient, en fait de navigation, plus instruits et plus expérimentés que les autres peuplades ; maîtres du petit nombre de ports qui se trouvaient placés à de grandes distances sur les côtes sans abri de cette mer orageuse, ils avaient pour tributaires la plupart de ceux qui la fréquentaient... « Telle était, dit César, l'assiette des places fortes situées sur des langues de terre ou des promontoires, qu'elles n'étaient accessibles ni aux gens de pied à cause du flux, ni aux navires parce qu'à la marée descendante ils couraient risque de se perdre sur des bas-fonds. »

La marine florissante des Vénètes était en relations suivies, soit avec le nord-ouest de l'Espagne, soit avec les Cassitérides. Phéniciens et Carthaginois ont laissé leurs traces dans la contrée qui devait être un de leurs emporium, une de leurs stations sur la route de l'étain et de l'ambre. La trace de ce commerce s'en retrouve dans tous les dolmens qu'a fouillé avec tant d'intérêt au XIXe siècle la curiosité des archéologues de la Société polymathique du Morbihan.

César cependant parvint à triompher de la flotte des Vénètes (56 av. J.-C.). Leurs vaisseaux, en effet, étaient lourds et massifs : « quand ils combattaient les nôtres, dit César, nous ne pouvions l'emporter que par la rapidité et la manoeuvre des rames ; pour tout le reste, ils étaient mieux appropriés aux parages qu'ils fréquentaient et à la violence des tempêtes : ils étaient d'ailleurs d'une telle solidité que nos éperons ne pouvaient rien contre eux ; la hauteur de leurs bordages les mettait à l'abri de nos traits. Quand il s'élevait une rafale, ils s'abandonnaient au vent, et supportaient mieux que nous les coups de mer. »

César usa de ruse : il fit fabriquer des faux dont il arma ses soldats. Ces faux, emmanchées au bout d'une longue perche, servirent à couper les cordages qui attachaient les vergues aux mâts, et comme les voiles et les agrès faisaient toute la force des navires gaulois, ceux-ci, en les perdant, se trouvaient complètement paralysés.


La défaite de la flotte des Vénètes entraîna la soumission des autres peuples du littoral, de l'Armorique, comme on l'appela plus tard. La domination romaine s'établit en ce pays comme dans le reste de la Gaule, mais nous ne pouvons dire si à cette époque le nom de Dariorigum, principale ville des Vénètes, doit être attribué à Vannes ou à Locmariaquer. Quoi qu'il en soit, ce point important du Morbihan fut relié par des voies romaines à Corseult, à Redon, à Rieux, à Nantes, et le commerce devint l'occupation presque exclusive des marins du Morbihan.

Le port de Vannes, au XIXe siècle

Le christianisme pénétra enfin jusqu'à ces rivages reculés, où, rencontrant un esprit religieux très ancien et très profond, il s'implanta avec plus de force que partout ailleurs. L'évêché de Vannes fut fondé vers 398, et déjà à cette époque le pays échappait à la domination croulante des Romains. Des princes indépendants se partageaient l'Armorique, et, vers le milieu du VIe siècle, Vannes commença à être régie par des comtes particuliers parmi lesquels des traditions plus ou moins précises nomment le cruel Commore sans trop s'accorder sur son nom. La même incertitude se retrouve pour ceux des autres chefs que ces mêmes traditions désignent dans la lutte que la Bretagne eut à soutenir pour défendre son indépendance, au temps des Francs mérovingiens, contre Clotaire, Chilpéric et Gontran. Il paraît certain que Judicaël, l'un d'entre eux, fut reconnu roi par Dagobert Ier.

La lutte recommença sous Charlemagne, dont les armes soumirent la Bretagne ; puis sous Louis le Débonnaire et sous Charles le Chauve. A la dissolution de l'empire carlovingien, la Bretagne recouvra son autonomie, et Vannes fut réunie aux autres parties de la contrée sous l'autorité du fameux Noménoë, roi des Bretons en 843, et après lui de son fils Hérispoé.

Vannes eut ensuite ses comtes particuliers, issus d'un frère de Noménoë. Ils se distinguèrent, aux IXe et Xe siècles, dans une époque de troubles sans fin, accompagnés des ravages des pirates normands. Les victoires des comtes bretons à Ballon (845) et à Questembert (880) assurèrent la Bretagne contre les Normands de la Loire ; tandis que le terrible droit de bris, qui devait vivre si longtemps, fermait le pays aux pirates qui essaimaient des régions scandinaves.

Lorsque commença la lutte des Plantagenets et des Capétiens, Vannes subit toutes les vicissitudes du duché de Bretagne, et, après la mort du jeune Arthur de Bretagne, lâchement assassiné en 1203 par son oncle Jean, l'antique cité des Vénètes vit les États de Bretagne se réunir pour la première fois dans ses murs afin de parer aux dangers du moment. Ces Etats envoyèrent une députation au roi de France pour le prier de venger la mort d'Arthur.

Vint ensuite la grande guerre de la succession de Bretagne, an milieu du XIVe siècle. Le Morbihan y prit une large part, et les noms de Ploërmel, d'Auray, de Vannes, d'Hennebont retentissent à chaque instant dans les chroniques. En dehors des grandes et funestes batailles qui se livrent en Picardie, aux champs de Crécy, et en Poitou près de la ferme de Maupertuis, le véritable théâtre de la guerre est la Bretagne, et en particulier le Morbihan. Vannes est prise et reprise par Jean de Montfort, le candidat anglais, et par Charles de Blois, le candidat français. Ce fut sous les murs de Vannes que Robert d'Artois (1342), le premier seigneur qui, pour satisfaire ses rancunes, s'était mis au service de l'Angleterre, fut blessé à mort. Un des auteurs principaux de la guerre de Cent Ans reçut là sa punition avant même d'avoir pu jouir du désastre de Philippe de Valois.

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