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![]() HISTOIRE de la DORDOGNE (24)
Au douzième siècle, le mariage d'Éléonore d'Aquitaine avec Henri II Plantagenet donna le Périgord aux Anglais. Les comtes du Périgord s'associèrent alors à tous les efforts qui furent tentés pour arracher le sol français an joug de l'étranger. Le pays fut occupé militairement ; de nombreuses forteresses s'élevèrent ; mais pendant cette longue et désastreuse période de guerre, qui dura depuis Louis le Jeune jusqu'à Charles VII, si trop souvent ces populations furent obligées de subir le joug de l'étranger, on peut dire à leur honneur qu'elles ne l'acceptèrent jamais. La résistance que les principales villes du Périgord opposèrent aux Anglais fut toujours glorieuse et parfois triomphante. En 1356, trois fois Périgueux repoussa l'ennemi, qui ne parvint à s'établir dans la cité qu'à la faveur du traité de Brétigny (1360), signé par le roi Jean, le vaincu de Poitiers. Plus heureuse que Périgueux, la ville de Sarlat ne tomba point au pouvoir des Anglais ; elle consentit seulement, à la fin du quatorzième siècle, à leur octroyer le droit de commercer avec ses habitants. Des diverses vicissitudes éprouvées par cette province, à cette époque néfaste, on peut se faire une juste idée en voyant, dans l'espace de deux siècles, combien de fois elle a changé de souverain. Le comté du Périgord revint à la France en 1224 ; il fut rendu à l'Angleterre en 1258, puis confisqué par Philippe le Bel en 1294 ; restitué de nouveau à l'Angleterre en 1303 ; conquis par Philippe du Valois, il fut cédé une troisième fois aux Anglais par le traité de Brétigny (1360) ; puis conquis par Charles V, roi de France ; remis sous l'autorité angIaise vers la fin du règne de Charles VI, et enfin définitivement acquis à la couronne en 1454. Ce comté, confisqué sur la tête d'Archambaud V (1391), avait été vendu à Jean de Bretagne, comte de Penthièvre et vicomte de Limoges ; plus tard Antoine de Bourbon le reçut en dot, et, par son fils Henri IV, il fut uni à la France. L'ère des guerres désastreuses avec l'étranger venait à peine de se fermer qu'il allait s'en ouvrir une autre plus terrible, plus sanglante peut-être ; car l'influence qu'exerçait dans cette province la maison d'Albi y facilita étonnamment les progrès de la religion réformée qui commençait alors à se répandre en France.
La plupart des villes importantes de la province éprouvèrent les mêmes vicissitudes que la capitale. Bergerac, qui tout d'abord devint le boulevard du protestantisme, fut prise par les catholiques en 1562. Mais ils en furent chassés un an plus tard. Cette malheureuse ville fut prise et reprise plusieurs fois encore, jusqu'à ce qu'enfin elle fut obligée de se rendre à Louis XIII qui en fit raser les fortifications, pour la punir de s'être associée au sort des ducs de Rohan et de la Force, chefs du parti protestant. Ribérac et Nontron n'échappèrent pas non plus au fléau de la guerre. La première, en 1568, servait de refuge aux débris des troupes des réformés qui, sous les ordres de Mouvans, avaient été battus par le due de Montpensier, dans les environs de Mensignac. En 1584, le duc de Bouillon s'y établissait avec les religionnaires, et Nontron, qui de 1356 à 1406 avait soutenu plusieurs sièges contre les Anglais, était pris d'assaut par Coligny, à la tête des réformés français et des reîtres réunis, malgré l'énergique défense qui lui fut opposée, et mis à sac par le vainqueur. En 1592, les villes du Périgord, entre autres Périgueux, subirent l'influence de la Ligue ; mais à l'avénement de Henri IV toute velléité de rébellion disparut. Quand éclatèrent les troubles de la Fronde, alors que Sarlat chassait le prince de Condé qui était entré dans ses murs et y avait mis garnison, Périgueux se voyait imposer par le même prince une garnison commandée par le marquis de Chanlost, homme de talent, mais cruel. Le marquis de Chanlost conserva cette ville au prince de Condé, jusqu'au jour où Joseph Bodin, aidé de quelques citoyens intrépides, la remit sous l'autorité du roi. Le marquis ayant appris qu'une conspiration s'était formée contre lui, se porta, à la tête de troupes nombreuses, vers la maison de Bodin, le chef des conjurés ; mais il ne s'était pas plus tôt imprudemment engagé, avec trente hommes, dans un corridor sombre et étroit, qu'il y fut reçu par Bodin et ses amis décidés à vendre chèrement leur vie. Dès le premier choc, Chanlost fut mortellement blessé, et ses soldats démoralisés eurent bientôt pris la fuite (16 septembre 1653). Pendant le dix-septième siècle, la révocation de l'édit de Nantes, rendu par Henri IV en faveur des protestants, porta un rude coup à ce département où la réforme avait jeté de profondes racines. La ville de Bergerac surtout eut beaucoup à en souffrir. La population de cette ville riche et industrieuse fut en partie forcée de s'expatrier. Ce département, pendant tout le cours du dix-huitième siècle, n'a été le théâtre d'aucun trouble, d'aucun événement qui mérite d'être signalé ; et lorsque éclata la Révolution de 1789, à part quelques agitations inévitables, les représentants du peuple Romme et Lakanal surent maintenir, même dans les moments les plus critiques, l'ordre et la tranquillité. Grâce à son éloignement, de la frontière, ce département a toujours joui de la paix la plus parfaite. Il a pu, sans trouble, développer son agriculture, son commerce, son industrie ; il n'a connu ni les désastres de l'invasion, ni les souffrances de l'occupation étrangère de 1814-1815 et de 1870-1871. RETOUR première partie |
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