LA FRANCE PITTORESQUE
Trésor (Le) du Château du Diable
sur les bords du Scorff (Morbihan)
(D’après « Bulletin de la Société archéologique du Morbihan », paru en 1857)
Publié le lundi 23 octobre 2023, par Redaction
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Sur un charmant coteau des bords du Scorff, nommé Mané-penn-enn-Drainfve (en français, Pointe de la trêve ou Frairie), s’élève une petite maison coquettement blanche qui n’est que d’hier, et un manoir du XVIIe siècle qui domine un des plus jolis points de vue de la contrée, écrit le docteur Fouquet en 1857, qui se fait l’écho d’une vivace légende attachée au lieu...
 

Le promeneur, attiré par la beauté du site, est tout surpris quand il arrive au sommet du coteau de trouver un vaste amas de débris, des granits sculptés et les restes d’un Lion-gargouille qui trahissent le XIVe siècle, rapporte Fouquet. S’il demande aux gens de la ferme quelles sont ces ruines, il apprend que là s’élevait jadis le Castel penn-enn-Drainfve connu maintenant, dans tout le pays, sous le nom de Château du Diable.

Il apprend encore que ce nom qui sent le soufre, fut imposé à ce castel, parce qu’un de ses propriétaires s’était vendu à Satan. Il apprend enfin que dans les vastes souterrains qui s’étendent sous le lit profond du Scorff, jusqu’au château de Tréfaven, sont enfouis les immenses trésors, fruits de son pacte avec l’ange maudit.

Vestiges du manoir de Pendreff
Vestiges du manoir de Pendreff. © Claudine Le Bagousse (site)

Si ce promeneur est ami du merveilleux, qu’il accepte cette légende qui va si bien aux vieilles ruines, aux frais ombrages, au calme profond de ces lieux ; mais s’il tient peu à la poésie et beaucoup, au contraire, au positif des choses, qu’il écoute alors ce que la tradition redit :

« Un modeste marchand d’Hennebont, assez bien dans ses affaires, avait, dans les premières années du XVIIe siècle, acquis le Mané-penn-enn-Drainfve et une pauvre ferme dont les champs et les landes étalaient au soleil leurs épis et leurs ajoncs, là même où depuis la Compagnie des Indes a creusé son port , établi ses magasins, là où Lorient a formé son arsenal, élevé ses maisons et dressé ses remparts.

« La vente à prix excessif de ses pauvres champs et de ses landes incultes, fit du modeste marchand d’Hennebont le plus opulent des propriétaires du pays, et comme alors on arrivait à tout par la fortune, il pourvut ses filles de nobles époux et ses fils des emplois les plus élevés de la magistrature, de l’armée, de l’Église. Quant à lui, devenu seigneur, il bâtit sur sa terre noble de Mané-penn-enn-Drainfve le manoir qui, de nos jours, n’est plus qu’une maison de ferme. »

Le seigneur vendu au démon par la légende, c’est le marchand d’Hennebont enrichi et anobli, et le satan rémunérateur du pacte, c’est la Compagnie des Indes. Reste à trouver le souterrain dépositaire des écus maudits !

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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