LA FRANCE PITTORESQUE
ALBERT avant
et pendant la guerre, 1914-1915
(par Pierre Laboureyras)
Publié le lundi 26 mai 2014, par Redaction
Imprimer cet article

Bien que son histoire se perde dans la nuit des temps, Albert, qui portait jadis le nom d’Ancre, n’a rien conservé de son origine antique. La modeste bourgade, à mi-chemin entre Amiens et Arras, au temps des Carlovingiens, devint une place forte sous Hugues Capet qui la reprit aux moines de Centules pour en faire un fief royal dépendant tantôt de Péronne, tantôt de Corbie.

Sa charte communale fut octroyée en 1178 et, en 1576, la baronnie d’Ancre fut érigée en marquisat. L’antique citadelle fut rasée en 1553 ; la demeure seigneuriale fut détruite par un incendie en 1645 et Condé, qui alors était au service de l’Espagne s’empara de la ville en 1653 et la détruisit de fond en comble. Vouée au malheur, la bourgade n’avait pas le temps d’oublier un sinistre qu’un nouveau l’éprouvait. Le 1er août 1914, à 4 h 30 de l’après-midi, la cloche de l’hôtel de ville sonna de toutes ses forces et le gros bourdon, la Marie de Brebières, joignit ses notes les plus graves aux tintements d’effroi de la cloche municipale. Chacun abandonna alors ses occupations pour s’enquérir des dernières nouvelles, rechercher les livrets militaires et préparer les musettes des citoyens appelés à partir dès le lendemain sous les armes.

Le soir du 28 août, le sang des soldats français vint rougir jusqu’aux marches de la basilique, mais la ville ne disposait d’aucune organisation capable de se charger de ces hôtes infortunés, les médecins et les pharmaciens ayant répondu à leur ordre de mobilisation. Des hôpitaux s’organisèrent en toute diligence et les particuliers fournirent le linge et la literie nécessaires. En quelques heures, chaque blessé fut dûment pansé et bien couché. Puis très vite, la ville se retrouva sous la botte allemande. Une fois passées les heures cruelles et périlleuses de l’arrivée des Allemands, le calme se fit dans la cité violée. Une première proclamation chercha à rassurer la population en déclarant : « Nous ne faisons pas la guerre aux non combattants »...

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE