LUXEUIL (Hantises et diableries dans la terre abbatiale de)

Auteur de plusieurs ouvrages sur « les suppôts du diable » en Franche-Comté, dont La sorcellerie au pays de Quingey, Francis Bavoux exerce ici sa sagacité, illustrations à l’appui, sur des événements qui se sont déroulés à un siècle d’intervalle (1529 et 1628-1630) sur la terre abbatiale de Luxeuil, en étayant ses propos grâce à une documentation importante et en étudiant au plus près la réalité des faits.

Ouvrant sa monographie sur une évocation très précise de Luxeuil (ville, abbaye et territoire) à l’époque où se situent les faits, avec une carte des grandes routes et de la seigneurie aux XVIe et XVIIe siècles et un aperçu sur « les croyances populaires », il relate ensuite l’affaire Desle la Mansenée depuis la naissance des rumeurs à propos de cette habitante du village d’Anjeux, aux « pratiques médicales suspectes », jusqu’à son exécution par le feu, comme « les pires criminels », en passant par les interrogatoires, la torture et le procès.

Le prévôt de l’abbaye, le prévôt fermier et le doyen s’étant désistés, ce furent les gouverneurs et bourgeois de Luxeuil qui prononcèrent la sentence : « estre publiquement bruslée et arse... ». Les mœurs de l’époque sont violentes et la justice est sévère pour les crimes avérés, mais ce châtiment de la Mansenée, soupçonnée de collusion avec le démon, reflète un « grand désordre des esprits » qui se manifeste dans plusieurs autres affaires « d’hérésie et de sorcellerie »...