ILLE-SUR-TET Un village en Roussilon

« La première ébauche de ce livre remonte aux jours sombres de mai 1940. », précise Émile Delonca qui ajoute : « Dans ce désastre national, alors que la plupart des esprits se laissaient abattre par la douleur, le travail m’apparut comme un refuge et un devoir. » Rien de tel, en effet, qu’un labeur absorbant pour supporter l’insupportable : l’occupation, par l’ennemi, d’Ille-sur-Tet, sa ville natale, de 1940 à 1944. Profondément désireux, dans ces sinistres circonstances, de rendre hommage à la cité qui l’a vu naître et grandir, qui a existé sous différentes formes, depuis plus de vingt siècles et qui a connu d’autres invasions (espagnoles, celles-là), dans le passé, Émile entraîne, dans cette aventure livresque, son propre frère, Léon. Nourris par les travaux historiques de leurs prédécesseurs, les documents très anciens de l’hôpital de la ville, le fonds de la mairie, les archives départementales et les registres notariaux, les deux auteurs, qui se sentent investis d’une mission particulière, vont, au prix d’une compilation tenace, pouvoir restituer l’histoire complète d’Ille-sur-Tet, des origines à nos jours. La formation géologique, celle des orgues de la Sibylle, les premiers habitants de l’ère néolithique, nichés dans des gorges et des ravins, les activités agricoles prospères qui vont attirer des envahisseurs en quête de butin, les Gaulois à partir de 300 avant J.-C., les siècles de pax romana, rompus par l’irruption des Germains, par celle des Arabes et, plus tard, par celle des Espagnols, tout cela constitue les prémices, l’histoire antique et médiévale de leur cité.

C’est seulement en 850 qu’un titre de Charles Chauve porte le nom d’Ille, Yla et c’est quinze ans plus tard que la région au sud de Corbières sera séparée par le souverain du reste de la Gaule. Dès lors, l’attraction de la péninsule ibérique sera très forte, même si la domination espagnole ne dure, en fait, que trois siècles avant le traité des Pyrénées (1659), qui ramène...