LA FRANCE PITTORESQUE
ARRAS sous les obus
(par l’abbé E. Foulon)
Publié le mercredi 16 avril 2014, par Redaction
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Lors de sa visite impromptue du 11 janvier 1915, Raymond Poincaré parcourut les rues solitaires et désolées où s’amoncelaient les ruines de la ville martyre. Le canon tonnait tout proche et les mitrailleuses crépitaient dans les faubourgs occupés par les Allemands. La ville, qui avait résisté depuis Jules César aux injures du temps et au vandalisme des hommes, était fière de ses monuments, de son beffroi élancé, de son hôtel de ville riche et fleuri, de ses places flamandes, de ses églises et de ses vieilles maisons évocatrices du passé, lorsque l’ordre de mobilisation fut affiché au milieu du silence et de la consternation.

Chacun était cependant résolu à faire son devoir et dans la nuit du 4 au 5 août, quand le 33e régiment d’infanterie partit pour la frontière, ce fut au son du Chant du départ et de la Marseillaise scandés à pleins poumons. Le 2 septembre, 3 000 Allemands occupaient les casernes et la citadelle, se pavanant dans les rues mais payant ce qu’ils prenaient dans les magasins. Ils évacuèrent tous les blessés transportables puis partirent quelques jours plus tard par la route d’Achicourt. Alors que la bataille faisait rage autour d’Arras depuis dix jours, la plus grande partie de la population était encore sans inquiétude, le 5 octobre. Le lendemain, vers 9 heures et demi, le bombardement méthodique commença.

Toute la journée, entrecoupée de quelques périodes de relative accalmie, les obus tombèrent « drus comme grêle ». L’air sentait la poudre et les gaz délétères. À 18 heures, des quartiers entiers étaient la proie des flammes, les Allemands ayant largué des bombes incendiaires. Dès ce premier soir, de nombreux habitants quittèrent la ville. L’air effaré, emportant quelques maigres affaires, ils se dirigeaient vers la porte Baudimont, seule issue qui paraissait encore libre. Il fallut attendre le 9 octobre pour que les bombardements cessent. Arras offrit alors une vision d’horreur. Çà et là gisaient les cadavres...

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