LA FRANCE PITTORESQUE
REIMS dévastée
(par Paul Adam)
Publié le jeudi 3 avril 2014, par Redaction
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Lorsque les Allemands s’approchèrent de Reims, « sur le visage de l’église latine surent-ils mesurer l’énergie opiniâtre, pendant dix siècles, pour, tant de fois, recomposer, dans ce sanctuaire fatidique, la patrie de Charlemagne, malgré toutes les invasions germaniques, scandinaves, anglaises, malgré la folie des seigneurs francs qui dotaient de provinces leurs filles unies aux gendres étrangers, ou qui, rebelles, s’alliaient avec l’ennemi, ou qui réglaient leurs partages de légataires sans souci de l’unité primitive ». Le 3 septembre 1914, les cavaliers germaniques descendirent et pénétrèrent dans la tristesse de la ville nocturne et déserte. Ils trouvèrent le silence. Durant six jours, les troupes impériales s’écoulèrent dans la ville jusqu’à ce que les chasseurs de France les expulsent. Les divisions allemandes s’établirent sur les coteaux au nord et à l’est de la ville et le 14 septembre, à l’aube, les obus de 150 éclatèrent dans la rue des Consuls, puis dans dix autres.

Le martyre de Reims commençait. Les tirs germaniques furent savamment ajustés et touchèrent au but lorsque les combles de la cathédrale s’embrasèrent, la charpente, le plomb de la toiture et la porte du parvis alimentant l’incendie. L’ennemi retranché dans le fort de Witry, quadrilatère de moellons, de ciments durs et de terres comprimées, décida la destruction quotidienne de Reims et de ses glorieuses églises, sceaux magnifiques laissés par l’art des siècles romains, mérovingiens et capétiens, par la foi libératrice des croisades, par les évêques de Charlemagne, de Philippe Auguste, de saint Louis, et par Jeanne d’Arc et Charles VII. Ni les premiers obus...

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