LA FRANCE PITTORESQUE
BERNAY et son arrondissement. Souvenirs, notices historiques et archéologiques
(par Victor Lottin de Laval)
Publié le mardi 25 mars 2014, par Redaction
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Presque tous les manoirs des XIVe, XVe et XVIe siècles disparurent ou furent amoindris sous les Valois, et Richelieu, ce grand niveleur, pressentant peut-être de nouvelles guerres civiles, acheva en partie ce qu’il en restait. Dans la contrée, il subsista pourtant quelques-uns de ces bâtiments assez considérables, solidement édifiés en pierre de taille ou en briques et silex. Ils avaient seulement l’apparence de châteaux forts, car leurs possesseurs n’avaient pas le droit d’y établir un donjon féodal et des tours crénelées, signes de suzeraineté.

Néanmoins, ces manoirs entourés de murs et de communs, s’ils ne pouvaient résister aux attaques des troupes royales, ne redoutaient guère les routiers et autres malandrins qui dévastaient les campagnes du bon vieux temps. Ils étaient révélateurs de la vie intime de la petite noblesse : modestes et sans luxe, ils étaient commodes et sécurisants. Quand la noblesse fut ruinée, amoindrie par Louis XI qui favorisait les bourgeois, les nouveaux pauvres empruntèrent sur leurs terres qui ne tardèrent pas à être morcelées, pour le plus grand bien de l’agriculture et de la richesse publique. Sous le règne de Louis XIV furent édifiés les logis de l’arrondissement, tous selon le même plan : un rectangle allongé, avec des cheminées aux extrémités, percé de trois ou cinq fenêtres sur chacune des deux façades, selon les ressources des propriétaires. Bernay possédait alors une bourgeoisie puissante, enrichie depuis des siècles par ses draps grossiers, sa fabrication des frocs.

La girouette héraldique, attribut de la haute noblesse, étant refusée à leurs logis, les bourgeois s’en dédommageaient en flanquant les portes de leurs cours d’énormes piliers en briques, dont l’importance flattait...

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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