LA FRANCE PITTORESQUE
Feu de cheminée : une pratique
en passe d’être prohibée ?
(Source : France Info)
Publié le dimanche 19 janvier 2014, par Redaction
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Même si, en cette mi-janvier, la saison de la bûche est terminée, l’image d’Épinal du confort douillet, l’hiver, c’est la cheminée et les soirées passées au coin du feu. Et il semblerait que cette pratique soit menacée, que l’on veuille interdire le feu de cheminée, à Paris et en Ile de France...
 

Contrairement à une idée reçue, il n’est pas interdit de faire du feu de cheminée à Paris et en Île de France, mais sous certaines conditions ! A Paris, on peut faire du feu de bois à condition qu’il ne s’agisse pas du moyen principal de chauffage. Le feu dit "d’agrément" est autorisé, que ce soit avec une cheminée, un insert ou un poêle. Mais, avis à ceux qui ont un poêle ou une cheminée : il leur reste un an pour en profiter.

A compter du 1er janvier 2015, la législation se durcit et va limiter drastiquement cette pratique, pourtant si conviviale.
Beaucoup vont devoir cesser définitivement de faire du feu, ou devront opter pour un dispositif très performant. Mais comment cela ?

Eh bien, un arrêté interpréfectoral, pour toute la région parisienne, vise deux choses : à Paris même, il sera interdit de faire du feu de bois, à compter du 1er janvier 2015, quel que soit le dispositif dont vous êtes équipé. La seule exception vise certains artisans, et à condition que leurs appareils respectent certaines normes. On pense aux boulangers ou aux pizzaïolos. En Île de France, si vous avez une cheminée traditionnelle, c’est-à-dire à foyer ouvert, vous ne pourrez plus faire de feu non plus, en tout cas, dans les communes énumérées par décret, mais cela concerne la plupart des communes d’Île de France, 435 exactement... Mais vous pourrez continuer si vous avez une chaudière à bois, un poêle ou un foyer fermé, type insert.

Pourquoi en autoriser certains et pas d’autres ?
Simplement parce que le rendement d’un foyer ouvert est de l’ordre de 10 à 15%. La combustion est donc incomplète, et pollue plus, d’une part, et d’autre part vous consommez beaucoup de bois pour pas grand-chose. Dans un foyer fermé, un poêle ou une chaudière, le rendement dépasse les 75%.

Mais ça pollue vraiment les feux de bois ?
Il s’agit en effet d’un enjeu sanitaire qui est à l’origine de cette interdiction. Cette mesure devrait permettre de diminuer les niveaux de concentration de particules fines de l’air ambiant, car ils dépassent souvent les limites réglementaires, selon la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Ile-de-France (DRIEE IF). Selon elle, ces particules réduisent de 6 mois l’espérance de vie dans l’agglomération parisienne. Or, selon la DRIEFF IF, le chauffage au bois représente 23 % des émissions de ces particules en Ile-de-France, soit autant que l’échappement des véhicules routiers. La sécurité sanitaire va donc primer sur la convivialité des soirées au coin du feu ! A titre d’image, une demi-journée au coin du feu émet autant de particules fines qu’une voiture diesel qui roulerait pendant 3.500 kms !!

Mais, pourtant, il s’agit d’une énergie renouvelable dont on nous vante les mérites depuis bien des années ?
Et oui, et c’est là le paradoxe. Le Grenelle de l’environnement avait d’ailleurs pour objectif de doubler la consommation de bois de chauffage d’ici 2020. Et lorsqu’une maison est construite aujourd’hui, elle doit respecter la réglementation thermique 2012, la RT 2012. Mais, si le chauffage est électrique, les critères de calcul font qu’il faut rajouter une source d’énergie renouvelable pour respecter la norme. Résultat, la plupart des constructeurs adjoignent alors un poêle à bois. Aujourd’hui, on ne peut que s’interroger.

Il n’y a que Paris et l’Ile de France qui sont visés. pour l’instant ?
On peut craindre que d’autres régions soient tentées de prendre les mêmes dispositions. On pense, par exemple à la région Rhône-Alpes où des études démontrent que la pollution par le chauffage au bois est supérieure à celle de la circulation automobile. Gageons que, d’ici quelques années, toutes les régions qui comportent une grosse métropole finissent par interdire le chauffage au bois.

Dommage, c’est l’une des énergies les moins chères, pourtant.
Eh bien oui, le kilowatt coûte environ 12 à 13 centimes pour l’électricité, 9 centimes pour le fioul domestique, 7 centimes pour le gaz naturel et... 4 à 5 centimes pour le bois.. Mais, pour comparer, il faut aussi comparer le rendement des appareils.. Une chaudière à gaz a des rendements proches de 100 %, un poêle à bois c’est plutôt de l’ordre de 75 %.

Patrick Lelong
France Info

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