LA FRANCE PITTORESQUE
Ligues de bonté pour assurer
l’éducation morale des enfants
(D’après « Le Petit journal illustré », paru en 1926)
Publié le vendredi 20 février 2015, par Redaction
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Au début du XXe siècle, des ligues de bonté furent fondées dans le but d’élever l’idéal moral de l’enfant en fortifiant sa conscience et son jugement, de développer son initiative pour le bien, de lui inculquer l’amour de ses semblables et le désir de protéger les animaux. En 1926, Le Petit Journal fait le point sur les résultats obtenus.
 

Le premier rapport sur les ligues de bonté fut présenté, en 1912, au Congrès d’Education morale de La Haye. Au congrès de Genève, en 1922, la Section d’Education morale émit le vœu, à l’unanimité, que les ligues devinssent internationales. Les délégués des divers pays représentés pensaient, avec juste raison, qu’en relevant la mentalité de la jeune génération, on travaillait à préparer peu à peu la paix dans le monde, écrit le journaliste Roger Régis.

En 1924, au Congrès international des femmes, à Copenhague, la Section d’Education morale approuva à l’unanimité les ligues de bonté comme méthode de relèvement social et prit l’engagement de les propager. Ce qui n’était qu’une aurore en 1912, aurore tristement ennuagée par les brumes de la guerre, était devenue bien vite une grande clarté.

En France, grâce au zèle inlassable de la fondatrice, Mme Eugène Simon, et de la présidente, Mme Théodore Morin, la Ligue de bonté des enfants français a pris une importante considérable, puisqu’elle regroupe, en 1926, plus de 200 000 adhérents, souligne notre chroniqueur qui explique alors la mise en œuvre concrète d’une telle ligue au sein d’une classe.

L’instituteur qui fonde dans sa classe une filiale de la Ligue, explique à ses élèves le but moral à atteindre et leur dit : « Tous les matins, en vous réveillant, pensez à l’emploi de votre journée ! Demandez-vous ce que vous pourrez faire de bien ! Puis, le soir venu, examinez si, oui ou non, vous avez pu accomplir cet effort auquel vous vous étiez engagé ; si vous avez pu vaincre un de vos défauts ; si vous avez pu faire une bonne action ; si vous avez vu des camarades, des inconnus, agir pour le bien comme vous auriez voulu le faire vous-même. Enfin, quels que soient les résultats, vous devrez les inscrire sur un papier que vous ne signerez pas, car il ne faut jamais se vanter du bien que l’on a fait. »

Ces billets, lus en classe au cours de la leçon de morale, sont destinés à éveiller dans le cœur de l’enfant, cette évidence que, seul, le caractère crée la valeur de l’individu. Ayant exposé ainsi ce qu’est la ligue qu’il fonde, l’instituteur distribue aux enfants qui veulent y adhérer une carte que ceux-ci doivent signer et par laquelle ils promettent de s’efforcer « de faire, chaque jour, un acte de bonté ; de ne pas dire de mensonges ; de protéger les faibles, d’aider les malheureux, de respecter les vieillards et les infirmes ; d’être poli avec tout le monde, d’être bon envers les animaux. »

Qui ne voudrait faire partie d’une telle ligue ? Et la chose est d’autant plus facile qu’elle fait appel à toutes les bonnes volontés, dans tous les milieux, sans distinction d’opinions politique, morales ou religieuses, et qu’aucune cotisation n’est obligatoire.

Pour juger des résultats acquis jusqu’à ce jour, poursuit Roger Régis, il suffit de feuilleter la nombreuse correspondance que Mme Eugène Simon a bien voulu mettre à notre disposition.

« Depuis trois ans, écrit le directeur d’une école de Paris, je constate à ma très grande satisfaction des progrès remarquables au point de vue de la discipline et de la morale, et une amélioration très sensible de la bonne marche de mon établissement. »

Une éducatrice écrit de même : « Après une expérience de trois mois, je suis heureuse de vous dire que, grâce à l’aide morale des ligues de bonté, j’ai obtenu de très sérieux progrès dans la conduite de mes élèves. La ligue de bonté nous a aidés puissamment à ne faire désirer que la joie de la conscience, après une bonne action ; à lutter contre l’égoïsme, si naturel, de l’enfant ; à mieux comprendre le précepte : Aimez-vous les uns les autres ! »

Enfin, faute de pouvoir les citer toutes, voici la lettre d’un directeur d’école de Villeneuve-la-Garenne : « Les résultats obtenus par les ligues de bonté sont excellents. J’ai pu, grâce à l’engagement des cartes, faire vraiment de la morale par l’exemple et par l’action et provoquer des élans de sentiments admirables chez beaucoup d’enfants. »

A l’heure où l’on a à déplorer les actes de toute une jeunesse criminelle, dont l’excuse, sans doute, est d’avoir été abandonnée, sans appui familial, sans protection, à ses mauvais instincts, conclut notre journaliste qui écrit en 1926, il est consolant de voir, par ailleurs, se répandre chez des enfants la bonté, la douceur, la pitié, le dévouement grâce aux efforts de femmes de cœur, d’hommes intelligents, étroitement unis pour la propagande du bien.

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