LA FRANCE PITTORESQUE
1er janvier 1540
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Publié le mardi 10 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Entrée de Charles-Quint à Paris. En 1539, les Gantois s’étant révoltés contre Marie, gouvernante des Pays-Bas, l’empereur Charles-Quint, qui était alors en Espagne, fit demander à François Ier, la permission de traverser la France, en lui promettant de donner l’investiture du Milanais à celui de ses enfants qu’il voudrait. François Ier envoya ses fils au devant de l’empereur jusqu’à Bayonne, et alla lui-même le recevoir jusqu’à Châtelleraut. L’empereur arrive le 1er janvier 1540 à Paris, où il est reçu en grande pompe, telle qu’on n’en avait point encore vue d’aussi magnifique à l’entrée solennelle de nos rois. Pendant son séjour, qui se passa en tournois, en danses et en toutes sortes de divertissements, le roi fut vivement sollicité de profiter de l’occasion pour le contraindre de révoquer le traité de Madrid (François Ier ayant été fait prisonnier à la bataille de Pavie, n’avait obtenu sa délivrance qu’à condition qu’il cèderait la Bourgogne à l’empereur) ; sa générosité ne lui permit pas de suivre ce conseil.

Mais le dauphin, le roi de Navarre et le duc de Vendôme, formèrent le complot de l’arrêter, en leur nom, à Chantilly, où il s’était rendu pour voir le connétable de Montmorency, et de l’y retenir prisonnier, jusqu’à ce qu’il eût restitué au premier le duché de Milan ; au second le royaume de Navarre ; au troisième quelques seigneuries situées aux Pays-Bas. Le dauphin s’étant ouvert à Montmorency de cet important secret, le connétable lui répondit : « Monsieur, cette maison est à vous, et vous y pouvez tout ; mais puisque vous me demandez mon avis, trouvez bon que je vous dise que l’on ne prend pas le taureau par les cornes, ni les rois par la violence ; le roi votre père a donné sa parole à l’empereur, et ne souffrira pas que personne de son royaume le fasse passer dans l’Europe pour un prince infidèle et parjure. » Le projet demeura sans exécution.

Arrivé en Flandre, Charles-Quint est sommé par le roi de tenir sa parole, au sujet du milais ; il répond hardiment qu’il n’a rien promis. Le roi se voyant dupe de sa crédulité, s’en prend au connétable, qui lui avait conseillé de se fier à la simple parole de l’empereur, et l’éloigne de la cour ; mais le roi ne devait guère se repentir de n’avoir exigé de Charles-Quint que des paroles ; une promesse par écrit n’eût pas été plus sûre. François Ier avait promis, par écrit, de céder la Bourgogne, et il s’était bien donné de garde de tenir sa parole.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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