LA FRANCE PITTORESQUE
22 juin 1815 : seconde abdication
de Napoléon
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Publié le jeudi 20 juin 2013, par Redaction
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Après s’être arrêté quatre heures à Philippeville, où il se rendit du champ de bataille de Waterloo, Napoléon se dirigea sur Laon, où se ralliaient les débris de l’armée. Il avait d’abord eu le projet de l’y réorganiser ; mais entraîné par des considérations puissantes, il confia ce soin au major-général, le maréchal Soult, et se mit en route pour Paris.

Napoléon à Sainte-Hélène

Napoléon à Sainte-Hélène

Il y arriva le 21, en même temps que la nouvelle de ses revers. Si, comme il en avait eu d’abord l’intention, il était venu aussitôt sans appareil, au milieu des représentons <le la nation, leur exposer l’état des affaires, et les inviter à travailler avec lui à les réparer, nul doute que, par cette démarche, il ne se fût concilié leur confiance, et qu’il n’eût déconcerté les complots qui se formaient.

Mais il convoqua un conseil ; mais il délibéra avec des courtisans, las de partager sa fortune, dont ils désespéraient, et avec des ministres qui, pour consolider la leur, le trahissaient. Tandis qu’il consumait au milieu d’eux un temps précieux, ses ennemis agissaient. La Chambre des représentais se constituait en permanence, et déclarait traître à la patrie quiconque voudrait suspendre l’exécution de ce décret, auquel la Chambre des pairs donnait sa sanction.

La rupture entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif était déclarée. L’autorité échappait à Napoléon : il n’osa la retenir. Il eût fallu pour cela s’appuyer sur l’armée, dissoudre le Corps législatif, et s’arroger la dictature. Effrayé des maux auxquels ces mesures violentes pouvaient livrer la capitale et la France, agitées par tant de factions, l’empereur aima mieux renoncer à ce qu’il ne pouvait conserver qu’aux dépens de la tranquillité publique. Les alliés ayant annoncé qu’ils ne prétendaient pas imposer un maître à la France, et n’excluant que lui du trône, il abdiqua en faveur de son fils.

Napoléon II fut reconnu par la seconde Chambre. Mais les meneurs de chaque parti n’en regardèrent pas moins le trône comme un effet en réserve dont ils pourraient disposer dans leur intérêt. Plusieurs l’offrirent : Fouché le livra. Ses fils étaient tendus ; de Paris, centre du réseau, ils aboutissaient à Londres, à Vienne, à Gand, à Stockholm, à Saint-Pétersbourg peut-être, partout enfin où il avait trouvé utile de les attacher. Lié avec tous les partis, Fouché était bien sûr, quel que fût celui qui l’emportât, que le dénouement de ces intrigues ne se ferait pas sans lui ; et les Chambres, en le portant à la tête du gouvernement provisoire, semblaient l’avoir constitué arbitre des destinées de la France.

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