22 juin 1812 : déclaration de guerre de Napoléon à l'empereur de Russie

Voici comment Napoléon lui-même a motivé cette guerre, entreprise malgré tous les conseils de la prudence, et qui devait marquer le terme de son empire :

« Depuis quelque temps il s’était élevé de la mésintelligence entre la France et la Russie : la France reprochait à la Russie la violation du système continental. La Russie exigeait une indemnité pour le duché d’Oldenbourg, et élevait d’autres prétentions. Des rassemblements russes s’approchaient du duché de Varsovie, et une armée française y se formait au nord de l’Allemagne.

« Cependant on était encore loin d’être décidé à la guerre ; mais tout-à-coup une nouvelle armée russe se mit en marche vers Varsovie ; en même temps une note insolente était présentée à Paris, comme ultimatum , par l’ambassadeur de Russie, qui, à défaut d’acceptation, menaçait de quitter Paris sous huit jours. Napoléon crut alors la guerre déclarée » ou plutôt il voulut le croire. Cette vieille Europe m’ennuie, disait-il quelquefois, et il brûlait de s’élancer vers un nouveau cercle de gloire et de conquêtes. Parti de Paris le 9 mai, il arriva le 26 à Dresde, où il joua le rôle de roi des rois.

Ayant quitté Dresde pour la grande armée, de son quartier-général de Wilkowiski (Prusse orientale), il proclama la guerre ; « Soldats, la seconde guerre de Pologne est commencée. La première s’est terminée à Tilsitt ; à Tilsitt, la Russie a juré éternelle alliance à la France et guerre à l’Angleterre : elle viole aujourd’hui ses serments. La Russie est entraînée par la fatalité ; ses destins doivent s’accomplir. Nous croit-elle donc dégénérés ? Marchons en avant. Passons le Niémen : portons la guerre sur son territoire. La seconde guerre de Pologne sera glorieuse aux armes françaises, comme la première ».