LA FRANCE PITTORESQUE
12 juin 1418 : massacres de Paris
lors des guerres civiles opposant
les Bourgogne aux Armagnacs
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Publié le lundi 12 juin 2023, par Redaction
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Pendant les guerres civiles qu’allumèrent, sous le règne de Charles VI, les rivalités des maisons de Bourgogne et d’Orléans, Perrinet le Clerc, fils d’un quartenier de la ville de Paris, en ayant ouvert les portes aux troupes du duc de Bourgogne, le 29 mai 1418, ces troupes, auxquelles se joignit la plus vile populace, pillèrent, tuèrent ou emprisonnèrent tous ceux qui étaient opposés à la faction de ce prince, et qu’on appelait Armagnacs. Mais la journée la plus terrible fut celle du 12 juin, parfaitement semblable à notre 2 septembre 1792. Nous allons copier textuellement dom Lobineau, dans son Histoire de Paris :

« La populace s’étant portée à la Conciergerie du Palais, en tira par force le comte d’Armagnac, connétable de France, le chancelier Henri de Marie, et l’évêque de Coutances son fils : on les massacra impitoyablement dans la cour du palais, après quoi ils furent dépouillés et abandonnés tout nus aux outrages de la plus vile canaille. Les assassins coururent ensuite à la prison de Saint-Eloi, où ils fendirent, à coups de hache, la tête à tous les prisonniers de Saint-Eloi.

Massacre des habitants de Paris en 1418 après l'entrée des Bourguignons. Enluminure extraite des Vigiles de Charles VII par Martial d'Auvergne (1484), manuscrit français n°5054 de la BnF
Massacre des habitants de Paris en 1418 après l’entrée des Bourguignons. Enluminure extraite
des Vigiles de Charles VII par Martial d’Auvergne (1484), manuscrit français n°5054 de la BnF

« Ces furieux se transportèrent au petit Châtelet, où l’on avait renfermé plusieurs personnes de qualité. On fit sortir les prisonniers l’un après l’autre : à mesure qu’ils passaient par le guichet, comme ils étaient obligés de baisser la tête, les uns étaient percés de coups d’épées, les autres assommés à coups de haches, et leurs corps traînés dans la boue, de peur que ceux qui étaient dans la » prison, s’apercevant du carnage, refusassent de sortir.

« Ces cruautés durèrent si longtemps, que le sang ruisselait de tous côtés, en sorte qu’aux environs du Châtelet, on en avait jusqu’à la cheville du pied. Ces hommes enragés allèrent ensuite au grand Châtelet, dont ils forcèrent la prison au bout de deux heures de combat : ce fut là qu’ils redoublèrent leurs cruautés en se ruant sur les prisonniers qu’ils jetaient par les fenêtres, sans épargner ceux même qui n’étaient enfermés que pour dettes. Ils coururent ensuite les prisons de Saint-Martin-des-Champs, de Saint-Magloire et du Temple, et firent main-basse sans trouver la moindre résistance. Après avoir passé toute la nuit dans ce cruel carnage, dès le point du jour, ils percèrent dans les plus profonds cachots, d’où ayant tiré tous ceux qui s’y étaient réfugiés, ils les hachèrent en pièces, sans distinction d’âge ni de sexe.

« L’évêque de Senlis, le comte de Grandpré et autres, au nombre de plus de huit cents personnes, périrent aussi misérablement dans cette horrible confusion. Plusieurs exercèrent leurs vengeances particulières contre ceux même qui étaient de leur parti. Tel qui ambitionnait un emploi n’avait qu’à » dire publiquement de celui qui en était pourvu : voilà un Armagnac, le malheureux était aussitôt mis à mort, sans autre formalité. Il y eut quantité de maisons pillées sous le même prétexte. »

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