LA FRANCE PITTORESQUE
11 juin 1712 : mort du duc de Vendôme en Espagne
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Publié le lundi 10 juin 2013, par Redaction
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Louis-Joseph, duc de Vendôme, arrière-petit-fils de Henri IV, fut un des généraux qui soutinrent la gloire et la fortune de la France au milieu des désastres de cette longue guerre de la succession d’Espagne. Il avait fait ses premières campagnes dans la guerre de 1672 ; il avait suivi le roi, cette même année, à la conquête de la Hollande ; il se distingua aux sièges de Luxembourg en 1684 ; de Mons en 1691 ; de Namur en 1692, et aux batailles de Steinkerque et de la Marsaille, et dans la guerre de 1688.

Quand la guerre de la succession d’Espagne se fut allumée au commencement du dix-huitième siècle, il combattit en Italie le prince Eugène avec toute l’émulation de la rivalité, et lui livra plusieurs batailles où l’on s’attribua de part et d’autre la victoire : mais il était encore glorieux pour le duc, de pouvoir dire d’un ennemi tel que le prince Eugène :

Si quaeritis hujus
Fortunam pugnae, non sum superatus ab illo.

Le principal avantage de ces affaires paraît même avoir été du côté du duc de Vendôme. Le fruit de la balaille de Luzzara, livrée le 15 août 1702, fut la prisé de Luzzara et de Guastalla ; et avant cette bataille, le duc de Vendôme avait fait lever le blocus de Mantoue au prince Eugène, le 1er août. Le 26 juillet, il avait défait le général Visconti à Santa-Vittoria ; le 16 août 1705, il livra encore au prince Eugène, en Italie, la bataille de Cassano : le prince Eugène y fut blessé, et le duc de Vendôme y eut un cheval tué sous lui.

Le 10 décembre 1710, il livra en Espagne, au comte de Staremberg, la bataille de Villaviciosa, qui fit époque et révolution, en ce qu’elle affermit la couronne sur la tête de Philippe V, roi d’Espagne, et abattit entièrement le parti de l’archiduc Charles, son concurrent. Ce grand général continuait de chasser les impériaux de plusieurs postes qu’ils occupaient encore en Catalogne, lorsqu’il mourut, en 1712, à Vignaros, d’une indigestion, à l’âge de cinquante-huit ans, le 11 juin (à pareil jour, son aïeul le duc de Vendôme avait été arrêté en 1625, pour être entré dans une ligue contre le cardinal de Richelieu).

Philippe V voulut que la nation espagnole prît le deuil. Il fut enterré dans le tombeau des infants et infantes d’Espagne. Le duc de Vendôme, arrière-petit-fils de Henri IV, était intrépide comme lui, doux, bienfaisant sans faste, ne connaissant ni la haine, ni l’envie, ni la vengeance. Père des soldats, ils auraient donné leur vie pour le tirer d’un mauvais pas, lorsque son génie ardent l’y précipitait.

Il disait plaisamment que, « dans la marche des armées, il avait souvent examiné les querelles entre les mulets et les muletiers ; et qu’à la honte de l’humanité, la raison était presque toujours du côté des mulets. » Tous ses gens étaient en possession de le voler. Il répondit à un de ses domestiques fidèles, qui lui dénonçait les friponneries d’un de ses camarades : « Laisse-le faire, et vole-moi comme lui. »

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