LA FRANCE PITTORESQUE
9 juin 1720 : le cardinal Dubois
est sacré archevêque de Cambrai
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Publié le vendredi 7 juin 2013, par Redaction
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Dubois usant de tout le pouvoir qu’il avait sur l’esprit du Régent, l’avait pour ainsi dire forcé à le nommer archevêque de Cambrai. Le nouveau prélat aurait bien désiré être sacré par le cardinal de Noailles, archevêque de Paris ; mais ce cardinal refusa tout net. On lui fit parler au nom du Régent ; mais il répondit avec modestie et respect sans s’expliquer sur les motifs, et fut inébranlable. Dubois dévora cet affront. Il n’était point embarrassé de trouver des évêques qui auraient brigué l’honneur de le sacrer. Muni d’un bref pour recevoir tous les ordres à la fois, et d’une permission de l’archevêque de Rouen, il se rendit de grand matin avec l’évêque de Nantes dans une paroisse du grand-vicariat de Pontoise, la plus voisine de Paris, et y reçut tous les ordres à une messe basse.

Il en repartit aussitôt pour se trouver au conseil de régence, quoique les premiers arrivés eussent déjà annoncé en présence du Régent qu’il ne fallait pas attendre faille qui était allé faire sa première communion à Pontoise.

On se récria sur sa diligence quand on le vit entrer. Le prince de Conti lui fit un compliment ironique sur la célérité de son expédition en fait d’ordres sacrés. Dubois l’écouta sans se démonter, répondit froidement que si le prince était plus instruit de l’histoire de l’Eglise, il ne serait pas si surpris de cette ordination précipitée, et cita là-dessus celle de saint Ambroise Chacun applaudit à l’érudition et au parallèle.

Le sacre se fit au Val-de-Grâce avec la plus grande magnificence. Toute la cour y fut invitée, et s’y trouva. Les ambassadeurs et autres ministres des princes protestants y assistèrent dans une tribune opposée à celle où était le Régent, dont les grands officiers faisaient les honneurs de la cérémonie.

Le cardinal de Rohan avait voulu être le consécrateur. Ennemi de l’archevêque de Paris, il crut l’humilier en lui faisant voir un homme à qui il avait refusé les ordres, avoir pour consécrateur un cardinal, un prince de l’empire, L’évêque de Nantes fut le premier assistant. Il avait donné les ordres. « II était naturel, dit Duclos, qu’il suivît son gibier. » Le second assistant fut le célèbre Massillon, évêque de Clermont. Le Régent lui-même l’en avait prié ; et les grandes obligations qu’il avait au duc d’Orléans ne lui permirent pas le refuser.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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