LA FRANCE PITTORESQUE
6 juin 1821 : mort du botaniste
Louis Richard
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Publié le mercredi 5 juin 2013, par Redaction
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Louis-Claude-Marie Richard, né à Versailles en 1754, prit le goût de la botanique chez son oncle, directeur du jardin de Trianon, et il n’avait encore que onze ans lorsque ce goût devint une passion. L’archevêque de Paris, qui avait remarqué ses dispositions précoces, lui promit sa protection, s’il entrait dans la carrière ecclésiastique. Mais Richard, dont la lecture de quelques voyages avait exalté l’imagination, et qui se proposait déjà de se livrer uniquement à l’histoire naturelle, fut sourd à toutes les sollicitations de sa famille.

Désespérant enfin de réussir, il prit le parti de quitter la maison paternelle. Son père, espérant que le besoin finirait par le ramener, ne lui fit qu’une pension très modique. Tant de sévérité ne l’empêcha pas de persévérer dans un dessein auquel il attachait le bonheur de sa vie. Les préventions les plus cruelles ne l’empêchèrent pas de suivre un cours de rhétorique au collège Mazarin, et son talent dans l’art du dessin lui procura bientôt les moyens de suffire à ses modestes besoins. Pouvant alors se livrer avec plus de facilité à l’étude, il cultiva la botanique, l’anatomie comparée, la zoologie et la minéralogie.

Cependant l’année 1781 lui offrit l’occasion de réaliser les projets de voyage qu’il méditait depuis longtemps ; car l’Académie des sciences le proposa pour un voyage dans la Guyane française, et il fut accepté. A son retour, en 1789, la Révolution avait fait disparaître ou éclipser la plupart de ses amis et de ses protecteurs. Personne ne songea plus aux promesses qui lui avaient été faites avant son départ ; et quoique aucun voyageur peut-être n’eût rassemblé autant de matériaux que lui en si peu de temps, il resta sans récompense et livré à des privations que le délabrement de sa santé, suite des fatigues d’un long voyage, rendait plus cruelles encore.

Cette injustice exerça sur son caractère une influence fâcheuse, dont le temps finit par adoucir les traces sans jamais les effacer entièrement. Richard fut enfin choisi pour remplir la chaire de botanique à l’école de médecine, et quelque temps après il devint membre de l’Institut. Il remplit les devoirs de l’enseignement public avec un zèle peu commun. « Quoiqu’il n’ait publié qu’un petit nombre d’ouvrages, dit un de ses biographes, il est certainement l’un des hommes de son siècle qui ont le plus contribué aux progrès de la botanique. L’influence qu’il a exercée se fera sentir, surtout par les travaux de ceux qui se sont pénétrés de ses principes et qui marchent sur ses traces.

« Personne n’a poussé plus loin l’art d’observer la nature presque dans ses moindres détails. La difficulté d’une recherche était pour lui une raison de s’en occuper ; l’organisation la plus compliquée était celle qui l’intéressait le plus ; il passait des mois entiers à suivre une observation, lorsqu’elle lui paraissait devoir répandre quelque lumière sur un point encore obscur. Ses écrits sont parfois d’un style négligé ; mais il n’en est aucun qui rie contienne des observations neuves et profondes. C’est lui qui a inspiré à la génération actuelle le goût de cette analyse rigoureuse et de cet examen approfondi qui caractérise essentiellement l’école française. »

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