LA FRANCE PITTORESQUE
31 mai 1809 : mort du maréchal Lannes,
duc de Montebello
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Publié le jeudi 30 mai 2013, par Redaction
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Il naquit à Lectoure en 1769. Son père, qui avait quelque fortune, l’ayant perdue par suite d’une banqueroute qu’il éprouva, le retira du collège, et, cédant à la nécessité, le mit en apprentissage chez un teinturier. En 1792, quand la France appela à la défense de ses frontières envahies par la première coalition tout Français en état de porter les armes, Lannes entra dans l’armée en qualité de sergent-major. En 1795, il était déjà chef de brigade. Sa capacité, prouvée par quantité de faits honorables, ne le protégea pas toutefois contre la réforme qui décima l’armée après le 10 thermidor.

Le maréchal Lannes

Le maréchal Lannes

Destitué comme officier incapable par le conventionnel Aubri, il ne quitta pas pourtant une carrière qu’il se sentait appelé à parcourir avec gloire, et suivit comme volontaire l’armée où il n’avait plus de grade. C’était celle des Pyrénées. En 1796, il passa à l’armée d’Italie, dont le général Bonaparte venait de prendre le commandement. Dès la journée de Millésimo, le 14 avril, il mérita d’être distingué de lui, et fut fait colonel sur le champ de bataille. Depuis ce jour, il est peu d’actions glorieuses, dans cette mémorable campagne, auxquelles son nom ne soit associé : à Lodi, à Pavie, sous Mantoue, à Saint-Georges, à Fombio, au pont d’Arcole, où il combattit quoique blessé, et fut blessé derechef, il se fit remarquer comme brave entre les plus braves. Il était depuis plusieurs mois général de brigade, quand le général en chef l’envoya à Rome traiter de la paix avec le pape Pie VI.

En 1798, Bonaparte l’emmena en Egypte. A Malte, à Alexandrie, aux Pyramides, à Saint-Jean-d’Acre, à la bataille d’Aboukir, Lannes fut ce qu’il avait été en Italie. On n’avait d’autres reproches à lui faire que celui de trop prodiguer son sang, et de se montrer trop avide de dangers même inutiles ; mais depuis, cette fougue se calma ; et sans cesser d’être le plus brave des soldats, il en était devenu le plus prudent. Quand, rappelé en France par des intérêts qui se liaient à ceux de la colonie qu’il venait de fonder, le conquérant quitta l’Egypte, Lannes monta avec lui sur le vaisseau qui ramenait en Europe la fortune de Bonaparte.

Après la révolution du 18 brumaire, à laquelle il contribua de tous ses moyens, nommé commandant de la neuvième et de la première divisions militaires, le général Lannes se fit remarquer par la modération et l’esprit conciliateur avec lesquels il usa de l’autorité qui lui était confiée.

Commandant de la garde consulaire, en 1800, il retourna avec le premier consul en Italie, où il commanda l’avant-garde. Avant la bataille de Marengo, où il mérita un sabre d’honneur, il avait déjà accru sa gloire au passage du Pô et dans le combat de Montebello, que rappelle le titre qui lui fut donné quelques années après, quand il fut fait duc par son général devenu empereur. Il avait été fait maréchal de l’Empire dès qu’il y en avait eu en France. Arrivé au comble des honneurs, il ne fit pas moins pour conserver sa gloire qu’il n’avait fait pour l’acquérir.

En 1805, dans la première campagne d’Autriche, où il commandait encore Pavant-garde, c’est lui qui ouvrit à la grande armée le chemin de la Bavière. A Wertingen, à Ulm, à Hollabrünn, à Austerlitz, il contribua puissamment à la victoire ; comme, en 1807, dans les batailles d’Iéna, d’Eylau et de Friedland. La paix de Tilsitt ne lui procura qu’un moment de repos. En 1808, entré en Espagne, où il commandait un corps d’armée, il combattit à Tudela et prit Saragosse, en vain défendue par des prodiges de courage.

Fatigué par tant de combats et par tant de blessures, et rattaché à la vie civile par un heureux mariage , il commençait à en apprécier les charmes, et n’aspirait plus qu’à la liberté d’en, jouir dans sa terre de Maisons, quand, en 1809, Napoléon le rappela d’Espagne pour lui donner un commandement dans l’armée qui marchait au secours de la Bavière, envahie derechef par les Autrichiens. Ce n’est pas sans efforts qu’il obéit à cette voix à laquelle il ne savait pas résister. Il quitta sa famille avec le pressentiment du sort auquel il ne devait plus échapper, et qu’il rencontra dans la plaine d’Essling.

Dans la seconde des deux journées pendant lesquelles dura cette bataille, le 21 mai, il avait ébranlé le centre de l’armée autrichienne, et saisissait la victoire, quand il fut obligé de rétrograder par un ordre de Napoléon, qu’un accident subit obligeait à concentrer son armée dans ses premières positions. Le maréchal regagnait Essling tout en résistant à l’ennemi, quand, sur la fin de l’action, il fut atteint par un boulet, qui lui fracassa les deux jambes. L’empereur le rencontra porté par des grenadiers sur un brancard qu’ils lui avaient fait avec leurs fusils. Leur entrevue fut marquée par les épanchements de la plus tendre amitié. C’est en lui donnant les conseils les plus prudents, que cet homme, longtemps si fougueux, fit à son prince ses derniers adieux.

Les restes du maréchal, qui expira le 31 mai, dix jours après la bataille, d’abord déposés à Strasbourg, furent ensuite transportés à Paris, où ils furent inhumés, avec une pompe extraordinaire, au Panthéon, le 6 juillet 1810.

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