LA FRANCE PITTORESQUE
Servir de Triboulet
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Publié le vendredi 30 avril 2021, par Redaction
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Servir de bouffon, faire rire la compagnie
 

Triboulet, fou de Louis XII et de François Ier, acquit beaucoup de célébrité sous le règne du dernier de ces deux princes.

Ce fut lui qui dit que si Charles-Quint était assez fou pour venir en France, et se fier à un ennemi qu’il avait si mal traité, il lui donnerait son bonnet. Et si je lui livre passage, dit François Ier, comme s’il traversait ses propres états ? Sire, répliqua Triboulet, en ce cas-là je reprends mon bonnet, et vous en fais présent.

On dit que ce même Triboulet ayant été menacé par un grand seigneur de périr sous le bâton, pour avoir parlé de lui avec trop de hardiesse, alla s’en plaindre à François Ier, qui lui dit de ne rien craindre ; que si quelqu’un était assez hardi pour le tuer, il le ferait pendre un quart d’heure après. Ah ! sire, dit Triboulet, s’il plaisait à votre majesté de le faire pendre un quart d’heure auparavant !

Il passait avec un seigneur sur un pont où il n’y avait point de parapet ; le seigneur en colère demanda pourquoi on avait construit ce pont sans y mettre des garde-fous. C’est, lui répondit Triboulet, qu’on ne savait pas que nous y passerions.

Rabelais a mis Triboulet fort agréablement en jeu, quand il l’a fait consulter par Panurge sur son mariage. Cinquante-cinq pages des Récréations historiques, par Dreux du Radier (1767), sont consacrées à l’Histoire des fous, en titre d’office, de nos rois. Après la première expédition des croisades, la mode des fous s’introduisit dans toutes les cours de l’Europe. Quand on disait à Henri IV quelque chose qui ne lui paraissait pas raisonnable, il renvoyait celui qui lui parlait à maître Guillaume.

Le dernier fou en titre d’office fut Langely, à propos duquel Boileau a écrit :

Et l’esprit le plus beau, l’auteur le plus hardi
N’y (à la cour) parviendra jamais au sort de Langely.

Il touchait par an vingt-cinq mille écus. Ses railleries le firent expulser de la cour ; et Louis XIV ne lui donna pas de successeur.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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