LA FRANCE PITTORESQUE
25 mai 1720 : un navire marchand
arrivé de Sidon à Marseille, apporte
la peste dans cette ville
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Publié le vendredi 24 mai 2013, par Redaction
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C’était pour la vingtième fois depuis sa fondation, que la ville de Marseille était affligée de ce terrible fléau, dont les ravages se seraient étendus dans toute la France, si l’on n’a voit établi des cordons de troupes sur les frontières du Dauphiné et du Languedoc. Henri de Belzunce, évêque de Marseille, se montra le digne pasteur de son peuple, et donna le premier l’exemple du dévouement le plus héroïque. Plusieurs hommes de tout état, prêtres, guerriers magistrats, négociants, sacrifièrent généreusement leur vie pour sauver leurs concitoyens.

Scène de la peste de 1720 à la Tourette (Marseille)

Scène de la peste de 1720 à la Tourette (Marseille)

La ville de Marseille a fait élever dans ces derniers temps un monument à la mémoire de ces généreuses victimes de l’humanité. Ce monument est une belle fontaine, construite sur les dessins de Desfougères, ingénieur en chef du département : il est composé d’un piédestal sur lequel s’élève une colonne antique de très beau granit, surmontée d’une figure en marbre, représentant le Génie de la santé, relevant d’une main le flambeau de la vie, presque éteint, tandis que de l’autre il couronne les noms de ceux qui se dévouèrent à une mort certaine, pour secourir les victimes de ce fléau dévastateur.

Les inscriptions suivantes sont gravées sur le piédestal :

1°. Ce monument a été élevé l’an 10 de la république française, 1802 de l’ère vulgaire, le général Bonaparte étant premier consul ; les CC. Cambacérès et Lebrun étant second et troisième consuls ; le citoyen Chaptal étant ministre de l’intérieur ; par les soins du citoyen Charles de Lacroix, préfet du département des Bouches-du-Rhône, organe de la reconnaissance des Marseillais.

2°. A l’éternelle mémoire des hommes courageux dont les noms suivent : Langeron (commandant de Marseille) ; Depille (gouverneur viguier) ; de Belzunce (évêque) ; Estelle (premier échevin) ; Moustier, Audimar, Diendé (échevins) ; Rose, (commissaire-général pour le quartier de Rive-Neuve) ; Milley (jésuite, commissaire pour la rue de l’Escalle, principal foyer de la contagion) ; Serre (peintre célèbre, élève du Pujet) ; Rose, l’aîné, et Rolland (intendants de la santé) ; Chicoineau, Verny, Peyssonel, Montagnier, Bertrand, Michel et Dédier (médecins) : ils se dévouèrent pour le salut des Marseillais, dans l’horrible peste de 1720.

3°. Hommage à plus de cent cinquante religieux, à un grand nombre de médecins, de chirurgiens, qui moururent victimes de leur zèle à secourir et à consoler les mourants. Leurs noms ont péri ! Puisse leur exemple n’être pas perdu ! Puissent-ils trouver des imitateurs, si ces jours venaient à renaître !

4°. Hommage à Clément XI, qui nourrit Marseille affligée ! Hommage au Dey tunisien, qui respecta ce don qu’un pape faisait au malheur !

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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