LA FRANCE PITTORESQUE
23 mai 1707 : formation d’une
nouvelle île dans le golfe de Santorin
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Publié le mercredi 22 mai 2013, par Redaction
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Le golfe de Santorin, dans l’Archipel, et depuis longtemps fameux par les nouvelles îles qu’il a produites ; et peut-être l’île de Santorin elle-même autrefois Thera ou Thermena, est sortie aussi du fond de la mer. L’an 196 avant J.-C., on y vit, avec étonnement, naître l’île appelée autrefois Hiera, et, en 1573, il en parut une autre plus petite. Vers le commencement du XIXe siècle, il s’en forma une nouvelle entre ces deux premières, avec des circonstances aussi curieuses pour les physiciens qu’effrayantes pour les habitants de Santorin, qui en furent témoins.

Le 23 mai 1707, des mariniers ayant vu de grand matin les premières pointes de l’île naissante, sans pouvoir distinguer ce que c’était, s’imaginèrent que ce pouvait être les restes de quelque naufrage ; et, dans l’espérance d’en profiter, ils s’y rendirent en diligence. Mais, ayant reconnu que c’était des rochers et une terre solide, ils s’en retournèrent fort effrayés. Ils communiquèrent leur frayeur à tout Santorin, où l’on savait que ces nouvelles îles n’avoient jamais paru sans causer de grands désastres.

Deux ou trois jours après, quelques habitants furent assez hardis pour aller reconnaître de près la nouvelle terre, et même pour y descendre. Ils trouvèrent partout une pierre blanche, qui se coupait comme du pain, et qui en imitait si bien la figure, la couleur et la consistance, qu’il était facile de s’y tromper. Ils trouvèrent aussi quantité d’huîtres fraîches attachées aux rochers, chose rare à Santorin. Mais, bientôt après, les tremblements de terre qu’ils sentirent sous leurs pieds, les obligèrent de se retirer au plus vite. En effet, presque dans le moment, l’île s’éleva à la hauteur de vingt pieds, et devint plus large de la moitié.

Ces accroissements continuèrent chaque jour, quoique inégalement. Quelquefois même, elle s’abaissait d’un côté, tandis qu’elle s’élevait de l’autre ; et de grands rochers, qui se faisaient remarquer entre les autres, disparaissaient au bout de quelques jours. Pendant ce temps, la mer changea plusieurs fois de couleur. Elle parut d’abord d’un vert éclatant, ensuite de couleur rougeâtre, et enfin d’un jaune pâle ; mais elle exhalait toujours une mauvaise odeur.

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