LA FRANCE PITTORESQUE
17 mai 1690 : mort de Charles
de Sainte-Maure de Montausier
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Publié le jeudi 16 mai 2013, par Redaction
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Charles de Sainte-Maure, duc de Montausier, pair de France, chevalier des ordres du roi, et gouverneur de Louis, dauphin de France, se signala de bonne heure par sa valeur et par sa prudence.

Durant les guerres civiles de la Fronde, il maintint dans l’obéissance la Saintonge et l’Angoumois, dont il était gouverneur. Son austère probité le fit choisir pour présider à l’éducation du dauphin, auquel il parla toujours en homme vertueux qui sacrifie tout à la vérité et à la raison. Lorsqu’il eut cessé ses fonctions, il dit à ce prince : « Monseigneur, si vous êtes honnête homme, vous m’aimerez ; si vous ne l’êtes pas, vous me haïrez, et je m’en consolerai. »

Tout le monde connaît sa lettre au dauphin après la prise de Philisbourg. Voici un trait moins connu, et qui n’est pas moins digne de l’être. Il conduisit un jour le dauphin dans une chaumière. « Voyez, monseigneur, c’est dans tette misérable retraite que logent le père, la mère et les enfants, qui travaillent sans cesse pour payer l’or dont vos palais sont ornés, et qui meurent de faim pour subvenir aux frais de votre table. »

Le duc de Montausier mourut le 17 mai 1690, à quatre-vingts ans, regretté des honnêtes gens dont il était le modèle, et des gens de lettres dont il était le protecteur. C’est à ses soins que l’on doit les éditions des auteurs classiques, connues sous le nom de ad usum Delphini, devenues aujourd’hui si rares, et que l’estime de l’Europe savante doit nous apprendre à apprécier. On sait que les ennemis de Molière voulurent persuader au duc que c’était lui que l’auteur jouait dans le Misanthrope. Montausier alla voir la pièce, et dit en sortant : « Je voudrais bien ressembler au Misanthrope de Molière. » Il avait épousé Julie-Lucie d’Angennes, pour laquelle il fit faire ce bouquet poétique, connu sous le titre de Guirlande de Julie.

Fléchier fit son oraison funèbre. L’Académie française a proposé son éloge, et a couronné les discours de Garat et Lacretelle l’aîné.

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