LA FRANCE PITTORESQUE
5 mai 1814 : Napoléon
prend possession de l’île d’Elbe
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Publié le samedi 4 mai 2013, par Redaction
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Par le traité de Paris, en date du 27 avril, Napoléon fut reconnu souverain de l’île d’Elbe ; après les adieux sublimes de Fontainebleau, il était parti pour se rendre à sa nouvelle résidence. Jusqu’aux confins du Dauphiné, les témoignages d’attachement, d’admiration, l’accompagnèrent : à mesure qu’il approchait de la Provence, la scène changea ; les agitateurs avaient eu le temps de le devancer ; échappé au guet-apens de Maubreuil, il faillit succomber à d’autres manœuvres non moins coupables.

A son arrivée à Fréjus, le 27 avril, il y avait en rade deux bâtiments prêts à faire voile, l’un français, l’autre anglais : il préféra la frégate anglaise, ne voulant pas qu’il fût dit qu’il avait été déporté sous un pavillon français. Le lendemain il quitta la France, sous le même pavillon qui devait, un an plus tard, le déporter à Sainte-Hélène.

Le 5 mai, à six heures du soir, Napoléon débarqua à Porto-Ferrajo, où il fut reçu par le général Dalesme, commandant français. « Général, lui dit l’illustre exilé, j’ai sacrifié mes droits aux intérêts de ma patrie, et je me suis réservé la propriété et la souveraineté de l’île d’Elbe ; faites connaître aux habitants le choix que j’ai fait de leur île pour mon séjour ; dites-leur qu’ils seront toujours pour moi l’objet de mon intérêt le plus vif. » Le maire présenta les clés de la ville à Napoléon, qui choisit la mairie pour son palais. Le comte Bertrand, le comte Drouot, Cambronne et quelques autres braves demeurés fidèles, formèrent d’abord la cour du nouveau souverain. Bientôt sa mère et sa sœur, la princesse Borghèse, vinrent partager et adoucir son exil.

Napoléon ordonna et fit exécuter de grands travaux dans l’île ; des routes furent percées dans tous les sens ; des quais, des magasins furent construits sur les ports ; plusieurs belles maisons s’élevèrent dans le centre et dans les environs de Porto-Ferrajo ; les meilleurs peintres de l’Italie se disputaient l’honneur d’y travailler. De nouvelles couleurs, un nouveau pavillon furent adoptes pour l’île d’Elbe : ce pavillon était blanc et amarante, parsemé d’abeilles. Il devint le premier de la Méditerranée et le plus respecté ; il était sacré même pour les Barbaresques, qui faisaient souvent des présents aux capitaines elbois, en leur disant qu’ils acquittaient la dette de Moscou.

Napoléon semblait résigné, tranquille ; mais, les yeux toujours tournés vers la France, il épiait le moment favorable pour y rentrer.

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