LA FRANCE PITTORESQUE
11 avril 1713 : paix d’Utrecht
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Publié le mardi 9 avril 2013, par Redaction
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Cette paix termina la guerre pour la succession d’Espagne , commencée en 1701, après la mort du roi Charles II, qui avait laissé par son testament, la couronne d’Espagne à un des petits-fils de Louis XIV. Les puissances de l’Europe ne purent voir d’un œil tranquille cet accroissement de puissance de la famille des Bourbon ; et Guillaume III, roi d’Angleterre, l’éternel ennemi de la grandeur de Louis XIV, ligua contre lui l’Angleterre, la Hollande, la Prusse, l’empereur et les principaux électeurs, auxquels se joignirent bientôt la Savoie et le Portugal.

Ce fut la troisième guerre que Louis XIV eut à soutenir contre toute l’Europe ; et par une fatalité singulière, cette guerre, qui était la plus juste, fut la plus malheureuse. Les funestes batailles d’Hochstedt, de Ramillies, de Turin, de Malplaquet, mirent la France à deux doigts de sa ruine. La prise de Lille, en 1708, ouvrit le chemin de Paris : la terreur était dans la capitale, et il fut agité, dans Versailles, si le roi se retirerait à Chambord, sur la Loire.

Après le funeste hiver de 1709, qui ajouta le fléau de la famine à celui de la guerre, Louis XIV envoya faire des propositions de paix aux alliés ; il alla jusqu’à leur promettre de les aider à détrôner son petit-fils ; mais les alliés exigèrent qu’il se chargeât seul de ce soin, et cela dans l’espace de deux mois. Louis XIV, à qui l’on rapporta cette révoltante proposition, dit en plein conseil : « Puisqu’il faut que je fasse la guerre, j’aime mieux la faire à mes ennemis qu’à mes enfants. »

La France sortit enfin de cet abîme de misère et d’humiliation, par la célèbre victoire de Denain, que le maréchal de Villars remporta sur le prince Eugène, le 24 juillet 1712. Les rapides conquêtes qui suivirent cette victoire, amenèrent la conclusion de la paix générale, signée à Utrecht.

Par le traité avec le roi de Prusse, Frédéric Ier, le roi promettait de lui donner, à l’avenir, le titre de majesté ; il le reconnaissait aussi pour souverain de Neufchâtel et de Valengin. Le roi de Prusse renonçait, de son côté, à tout droit sur la principauté d’Orange. Par le traité avec la Savoie, le roi reconnaît le duc Victor Amédée II pour roi de Sicile, suivant la cession qui lui en avait été faite par le roi d’Espagne ; l’échange s’en fit depuis contre la Sardaigne.

Par le traité avec la Hollande, le roi s’engageait de remettre à Leurs Hautes-Puissances ce qu’il possédait des Pays-Bas catholiques, et leur remettait encore les duché, villes et forteresses de Luxembourg, Namur, Charleroi, Nieuport.

A l’égard de l’Angleterre, son ambition et son orgueil devaient être satisfaits ; elle faisait démolir et combler le port de Dunkerque, l’objet de tant de jalousies ; l’Espagne la laissait en possession de Gibraltar et de l’île Minorque ; la France lui abandonnait la baie d’Hudson, l’île de Terre-Neuve et l’Acadie. Enfin, elle avait fait consentir Louis XIV à faire sortir de prison ceux de ses propres sujets qui y étaient retenus pour leur religion.

Pour la France, qui démolissait Dunkerque, et qui abandonnait tant de places en Flandre, autrefois conquises par ses armes, et assurées par les traités de Nimègue et de Ryswick, on lui rendait Lille, Aire, Béthune et Saint-Venant. Il resta du moins à Louis XIV la gloire d’avoir placé et maintenu son petit-fils sur le trône d’Espagne, et de s’être montré plus grand au milieu des revers de cette fatale guerre, qu’il ne l’avait été dans les jours les plus brillants de ses conquêtes.

Soit opiniâtreté du prince Eugène, soit mauvaise politique du conseil de l’Empereur, ce monarque n’entra dans aucune des négociations ; il aurait eu certainement Landau, et peut-être Strasbourg ; il s’obstina à la guerre, et il n’eut rien.

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