C’est entre ce pape et son prédécesseur Léon IV, qu’on place la prétendue papesse Jeanne, qui tint, dit-on, le Saint-Siège deux ans et quelque mois. Cette fable, avancée d’abord par les chroniqueurs des treizième et quatorzième siècles, et appuyée dans la suite par des écrivains protestants, a depuis été réfutée victorieusement.
Benoît III avait été élu le 1er septembre 855. Un cardinal, excommunié par son prédécesseur Léon IV, Anastase, lui disputa la tiare, en s’appuyant sur la protection des empereurs francs Lothaire et Louis. Benoît envoya trois députations successives pour plaider sa cause devant les héritiers de Charlemagne. De son côté, Anastase entra dans Rome avec une escorte militaire, fit arracher Benoît du trône pontifical, et y siégea en sa place. Le malheureux pontife dépossédé n’aurait pas eu sans doute longtemps à vivre, si le sénat, le peuple et le clergé ne se fussent assemblés en corps pour réclamer en sa faveur.
Les députés de l’empereur comparurent au milieu de cette assemblée tumultueuse, et présentant aux évêques la pointe de leurs glaives, s’écrièrent avec fureur : « Rendez-vous, et reconnaissez Anastase. » Les défenseurs de l’élection légitime désarmèrent la violence par une impassible fermeté. Anastase succomba sous l’indignation des Romains, et Benoît, tiré de l’église où on le retenait prisonnier, fut ramené en triomphe au palais de Latran.
Ce fut sous son pontificat que s’établit l’impôt appelé le denier de saint Pierre. Benoît III est en outre le premier pape qui ait pris le titre de vicaire de Saint-Pierre. Quelques-uns de ses successeurs le prirent à son exemple ; mais à dater du treizième siècle, les papes ont préféré et ont pris le titre de vicaire de Jésus-Christ.
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