LA FRANCE PITTORESQUE
Jambe de cheval (Histoire d’une)
(Brève parue en 1843)
Publié le mardi 12 janvier 2010, par LA RÉDACTION
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Depuis un temps immémorial, les bateliers et les pêcheurs avaient remarqué dans la Saône, du côté du pont d’Aisnay, un corps métallique, visible lorsque les eaux étaient basses, et qu’ils appelaient le tupin de fer, c’est-à-dire le pot de fer cassé.

Les pêcheurs l’évitaient avec grand soin, de peur d’y déchirer leurs filets ; les bateliers, au contraire, s’en servaient comme d’un point d’appui pour s’aider à remonter le courant. Pendant plusieurs siècles ce prétendu pot resta à la même place.

Enfin, le 14 février 1766, les eaux étant très basses et très fortement gelées, un constructeur de barques nommé Laurent s’aperçut que l’objet en question n’était pas un fragment de pot de fer, mais pouvait avoir quelque valeur. Un de ses amis et plusieurs ouvriers s’étant joints à lui, ils parvinrent, non sans peine, à retirer de l’eau une jambe de cheval en bronze. Ils l’offrirent d’abord à un bourgeois de Lyon pour 18 livres ; celui-ci ayant refusé, ils la portèrent à l’Hôtel-de-ville, où le prévôt des marchands leur fit donner deux louis.

Cette jambe, qui est aujourd’hui au Musée, est curieusement travaillée. Elle n’est pas entièrement de bronze ; l’âme est de plomb, et recouverte d’une couche de bronze d’environ 2 millimètres d’épaisseur, et qui n’est pas jetée d’une seule fonte : elle est composée uniquement de petites parties qui sont taillées en queue d’aronde et s’emboîtent l’une dans l’autre.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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