Septième pape français, Simon de Brion était né dans le hameau de Mainpincien, près d’Andrezel, en Champagne. Il avait été trésorier de Saint-Martin de Tours. Son élection, qui eut lieu le 22 février 1281, à Viterbe, fut le fruit d’une brigue de Charles d’Anjou, roi de Sicile, qu’il avait faite dans le conclave pour faire nommer un pape français. Tous les cardinaux s’étant opposés aux vues du prince, et ayant suspendu leur scrutin, les Viterbois se saisirent d’eux, et les ayant mis en prison, les firent jeûner au pain et à l’eau, jusqu’à ce qu’ils eussent promis de procéder à l’élection sans délai.
La première opération de Martin IV fut de punir la violence faite au sacré collège, par un interdit qu’il lança contre les habitants de Viterbe. Richard Hannibaldi, qui les avait excités, fut obligé de venir lui demander pardon la corde au cou. Martin n’en fut pas moins soumis à toutes les volontés du roi de Sicile : il excommunia les habitants de Forli, et confisqua toutes les propriétés qu’ils possédaient à Rome ; il excommunia Michel Paléologue, empereur de Conslantinople.
La ligue des Vénitiens, de Charles d’Anjou et du pape contre les Grecs eut peu de succès. Une autre croisade fut entreprise contre Pierre III, roi d’Aragon, qui battit les croisés. On s’était porté avec tant d’ardeur à cette expédition, que plusieurs y étaient venus sans armes, n’ayant pu s’en procurer. Les pierres qu’ils trouvaient sous la main leur en tinrent lieu, et ils disaient en les jetant : Je jette cette pierre contre Pierre d’Aragon, pour gagner l’indulgence. On imputait à ce prince, non sans quelque apparence, les Vêpres Siciliennes, horrible massacre dont les Français furent les victimes en 1282, et qu’auraient pu prévenir par une conduite plus sage, Martin  IV et Charles d’Anjou.
Martin IV fut enterré aux Franciscains de Rome, avec l’habit de l’ordre. C’est le seul pape qui ait eu cette dévotion. Honorius IV lui succéda, le 3 avril 1285.
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