LA FRANCE PITTORESQUE
14 mars 1696 : mort du
jurisconsulte Jean Domat
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Publié le mercredi 13 mars 2013, par Redaction
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Jean Domat, avocat du roi au siège présidial de Clermont en Auvergne, était né dans cette ville, en 1625. Il devint l’arbitre de sa province par son savoir, par son intégrité, par sa droiture. Les solitaires de Port-Royal, avec lesquels il était très lié, prenaient ses avis, même sur les matières de théologie. Domat était à Paris durant la dernière maladie de Pascal : il reçut ses derniers soupirs, et fut dépositaire d’une partie de ses papiers les plus secrets, comme il l’avait été des sentiments de son cœur.

La confusion qui régnait dans les lois le détermina à en faire une étude particulière. Il s’appliquait à ce travail, qui ne devait d’abord être que pour lui et pour ceux de ses enfants qui prendraient le parti de la robe. Quelques-uns de ses amis, auxquels il découvrit ses idées, l’engagèrent à les communiquer aux premiers magistrats. Domat, fixé à Paris, après avoir reçu ordre de Louis XIV d’en faire part au public, montrait son ouvrage aux plus habiles, à mesure qu’il l’écrivait. D’Aguesseau, alors conseiller d’Etat, lui dit, en écoutant la lecture d’un cahier où il était traité de l’usure : « Je savais que l’usure était défendue par l’écriture et par les lois, mais je ne la savais pas contraire au droit naturel ».

Les Lois civiles dans leur ordre naturel, parurent enfin en 1689 : le choix des principes, la méthode qu’il leur donne, l’art de les développer, rendent son livre digne de servir de modèle aux hommes de génie, pour la distribution et l’arrangement de leurs idées. Aucun livre peut-être n’a jamais été mieux fait dans aucune science. « J’avais comparé, dit Boileau dans une lettre à Brossette, les lois du digeste aux dents du dragon que sema Cadmus, et dont il naissait des gens armés qui se tuaient les uns les autres. La lecture du livre de M.&nbsp Domat m’a fait changer d’avis, et m’a fait voir, dans cette science, une raison que je n’y avais pas vue jusques-là. C’était un homme admirable, que ce M. Domat ! (...) Vous me faites trop d’honneur de mettre en parallèle un misérable faiseur de satires avec le restaurateur de la raison dans la jurisprudence. »

Cet habile homme mourut pauvre, à Paris, âgé de soixante-dix ans. Fils, père, époux vertueux, il ordonna, par son testament, qu’il serait enterré, avec les pauvres, dans le cimetière de Saint-Benoît, sa paroisse.

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