LA FRANCE PITTORESQUE
14 mars 1757 : l’amiral Byng est fusillé, pour s’être laissé battre par les Français
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Publié le mercredi 13 mars 2013, par Redaction
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Jean Byng, dont il est ici question, était fils du célèbre amiral de ce nom, connu par son expédition de Sicile, en 1718. Byng, héritier du courage de son père, se signala d’abord dans plusieurs courses maritimes. Parvenu aux premiers grades de la marine, il fut envoyé en 1756, pour empêcher la prise de Mahon, et détruire l’escadre française commandée par de la Galissonnière ; les deux flottes se rencontrèrent le 20 mai.

Byng fut obligé de se retirer ; et, dès qu’il fut de retour à Londres, on demanda sa tête au conseil de guerre ; on lui reprochait d’avoir canonné les Français de trop loin, et de n’avoir pas approché d’assez près du vaisseau amiral de France. Il fut condamné à être fusillé sur la flotte.

Voici comme cette exécution est rapportée par Voltaire, dans le roman de Candide : « En causant ainsi, nous abordâmes à Portsmouth ; une multitude de peuple couvrait le rivage, et regardait attentivement un assez gros homme qui était à genoux, les yeux bandés, sur le tillac d’un des vaisseaux de la flotte. Quatre soldats postés en face, lui tirèrent chacun trois balles dans le crâne, le plus paisiblement du monde, et toute l’assemblée s’en retourna extrêmement satisfaite. Qu’est-ce donc que tout ceci, dit Candide, et quel démon exerce partout son empire ? Il demanda qui était ce gros homme qu’on venait de tuer en cérémonie ? C’est un amiral, lui répondit-on. Et pourquoi tuer cet amiral ? C’est lui répondit-on, parce qu’il n’a pas fait tuer assez de monde ; il a livré un combat à un amiral français, et on a trouvé qu’il n’était pas assez près de lui. Mais, dit Candide, l’amiral français était aussi loin de l’amiral anglais que celui-ci l’était de l’autre ? Cela est incontestable, lui répliqua-t-on ; mais dans ce pays-ci, il est bon de tuer de temps en temps un amiral pour encourager les autres. »

On observera, toute plaisanterie à part, que celui qui est chargé d’attaquer et d’empêcher une expédition, est obligé d’approcher de plus près que celui pour qui, échapper seulement, serait une victoire.

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