LA FRANCE PITTORESQUE
5 mars 1588 : mort par empoisonnement
d’Henri Ier, prince de Condé
et cousin germain d’Henri IV
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Publié le dimanche 3 mars 2013, par Redaction
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Le second prince de Condé, Henri Ier, succéda à son père, sous la direction de l’amiral Coligny. La perfide paix de Saint-Germain-en-Laye, que Charles IX appeloat sa paix, et qu’on appelait dans le public la paix boiteuse et mal assise, parce qu’elle avait été négociée de la part du roi par Biron qui était boiteux, et par de Mêmes qui était seigneur de Malassise, attira le prince de Condé, et le jeune roi de Navarre à la cour. Ils y étaient dans le temps de la Saint-Barthélemy. Charles IX exigea qu’ils abjurassent. Les trois mots auxquels il réduisit ses ordres et ses menaces furent : messe, mort ou Bastille ; la réponse du prince de Condé fut : « J’exclus la messe, choisissez vous-même des deux autres. »

Henri Ier de Bourbon, prince de Condé

Henri Ier de Bourbon, prince de Condé

En 1573, le duc d’Anjou mena le roi de Navarre et le prince de Condé, au siège de la Rochelle, boulevard de la Réforme, et berceau de ces princes. On les observait de près, et leur valeur était connue ; il fallut même qu’ils se surpassassent pour affaiblir les soupçons. En 1574, le prince de Condé s’enfuit en Allemagne, et va demander du secours pour son parti aux princes protestants ; il ramena de ce même pays une armée de vingt mille hommes, et obtint de grands avantages pour les réformés de France ; mais de ces avantages mêmes naquit la Ligue.

Dans toutes les guerres civiles qui suivirent, le prince de Condé signala toujours le même zèle pour la cause protestante, et procura toujours à son parti des secours étrangers qu’il allait chercher lui-même en Angleterre, dans les Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse, à Genève ; et comme il allait sans suite et déguisé, il fut dépouillé par des voleurs au passage des montagnes ; mais il réussit : il infecta la France de troupes étrangères, surtout de cette redoutable cavalerie de Reîtres, que le duc de Guise eut la gloire de vaincre, et dont le nom, qui est celui de l’expérience et de l’habileté, est resté parmi nous comme un monument de la terreur qu’ils inspiraient à nos ancêtres, et du mal qu’ils ont fait en France.

Le prince de Condé est toujours uni au roi de Navarre, Henri, dans toutes les expéditions militaires contre la Ligue, dans les opérations respectives, dans la fameuse bulle d’excommunication lancée par Sixte-Quint, où ces deux princes sont appelés génération bâtarde et détestable de l’illustre maison de Bourbon ; et comme hérétiques et relaps, sont privés de tous droit et succession à la couronne de France et à toute autre. Un démenti avec un appel au futur concile, affiché aux portes du Vatican, fut la réponse des princes à cette insolence. Sixte, qui avait l’âme élevée, estima cette hardiesse, et conçut dès lors une haute opinion des princes.

En 1588, le parti huguenot perdit un solide appui par la mort du prince de Condé, « entre les vertus duquel on ne saurait dire si c’était la vaillance, ou la libéralité, ou la générosité, ou l’amour de la justice, ou la courtoisie et l’affabilité, qui tenait le premier rang », dit Mézeray. L’opinion générale fut qu’il avait été empoisonné. Le procès fut fait à ce sujet, à Charlotte de la Trémouille sa femme ; mais elle fut déclarée innocente, sous le règne suivant, par arrêt du parlement. On connaît aussi ce bruit populaire si répandu et si faux, que le troisième prince de Condé, Henri II, était né treize mois après la mort de son père. Le père mourut le 5 mars 1588, à Saint-Jean-d’Angely, et le fils naquit le 1er septembre de la même année.

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