LA FRANCE PITTORESQUE
C’est une tourterelle qui
ne boit jamais sans troubler l’eau
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Publié le vendredi 11 novembre 2016, par Redaction
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Personne d’une sensibilité excessive qui se laisse aller, sans motif apparent, à des idées mélancoliques, qui se fait même un sujet de tristesse de ce qui semblait devoir lui être un sujet de joie
 

Cette locution a été prise sans doute de quelque troubadour, et a été employée par plusieurs auteurs. Elle se trouve dans une scène touchante de la tragédie intitulée Axel et Valbor par Œlenschlaeger, le premier poète danois du XIXe siècle.

La tendre Valbor, dans cette scène, dit à son fiancé Axel, avec qui elle ne peut être unie en mariage : « Paisible et triste, je passerai mes jours comme une tourterelle innocente qui ne trouve nulle part à se reposer, qui ne s’arrête pas sur les verts rameaux, quelque lasse qu’elle soit, et qui ne boit jamais d’une eau limpide avant qu’elle ne l’ait troublée avec ses pieds. »

C'est une tourterelle qui ne boit jamais sans troubler l'eau
C’est une tourterelle qui ne boit jamais sans troubler l’eau. © Crédit illustration : Araghorn

C’est ainsi que J.-J. Ampère a traduit ce passage dans son excellente notice sur Œlenschlaeger. Il y a joint cette réflexion : « Ce dernier trait, si naïf et si touchant, est transporté avec beaucoup de bonheur de la ballade dans la tragédie. Ce qu’il y a de singulier, soit dit en passant, c’est que la même pensée se retrouve dans une jolie romance populaire espagnole, certainement antérieure au quinzième siècle. La tourterelle y parle en ces termes :

Que ni poso en ramo verde
Ni en prado que tenga flor,
Que, si hallo al agua clara
Tarbia la beve yo.

« Il y a aussi, ajoute M. J. J. Ampère, quelque chose de semblable dans un chant serbe. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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