LA FRANCE PITTORESQUE
Faire sauter à quelqu’un le bâton
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Publié le jeudi 1er octobre 2015, par Redaction
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C’est l’obliger à faire une chose contre son gré
 

Allusion à un amusement des bergers qui, faisant sortir un troupeau de la bergerie ou l’y faisant rentrer, se placent sur la porte avec un bâton qu’ils tiennent horizontalement à une certaine hauteur, afin de se donner le plaisir de le faire sauter à leurs bêtes.

C’est ainsi que les parémiographes ont expliqué cette locution. Mais Le Laboureur, dans son Discours sur l’usage des armes, pense qu’elle peut avoir une origine historique, qu’il rapporte à l’usage primitif du sautoir, qui fut, selon lui, un instrument d’exercice avant de devenir une pièce armoriale connue sous le nom de croix de saint André.

Voici ses propres paroles : « La bande et la barre jointes ensemble composent le saultour, saulteur ou saultoir, l’usage duquel est moins connu que la figure et l’étymologie, car il est bien évident qu’il est ainsi appelé à saltando (du verbe sauter). Mais je ne saurais vous dire si cette figure servait autrefois aux exercices de notre jeunesse, qui aurait passé deux perches en la manière qu’on dépeint le sautoir, pour acquérir l’agilité tant nécessaire à la chasse et à la guerre, en sautant et bondissant par-dessus, ou si, dans leurs petites débauches, ils contraignaient les passants de sauter ou franchir ces perches ou bourdons, d’où serait venu le proverbe : On lui a fait sauter le bâton. » (page 181, édit. de 1658.)

On dit aussi sauter le bâton dans le même sens que franchir le pas, franchir l’obstacle et même franchir le mot, comme l’atteste, pour ce dernier cas, l’exemple suivant, tiré de la comédie Le Flatteur, par J.-B. Rousseau :

(Il dit) que vous étiez d’une humeur si flottante,
Si bourrue, — oui, bourrue, — il sauta le bâton.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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