Pour signifier de gros soupirs qu’on veut ridiculiser
Cette hyperbole, remarquable par sa singularité, se trouve dans les vers suivants d’une vieille chanson, qui ont été reproduits textuellement à la troisième scène du quatrième acte d’une pièce intitulée : Comédie de chansons, imprimée en 1640 :
Le vent de ses soupirs ferait moudre un moulin ; Le feu de ses désirs rôtirait un boudin. |
Pousser des soupirs à faire tourner des moulins à vent. © Crédit illustration : Araghorn
Elle se trouve aussi dans une chanson qui fait partie d’un poème burlesque de Saint-Amant, dont le titre est le Poète crotté. La voici avec des enjolivures grotesques dues à l’imagination de cet auteur :
Si, dessus le lac amer De la mer, Il était dans un navire, Les rots qu’il lâche pour toy, Que je croy, Lui serviraient de zéphire. Aussi les moulins à vent, Bien souvent, En ont mis le grain en poudre, etc. |
Le poète anglais Abraham Cowley, qui avait fait un assez long séjour en France comme secrétaire de la reine Henriette, fille du roi Henri IV et épouse de l’infortuné Charles Ier d’Angleterre, a pris sottement au sérieux l’hyperbole spirituellement bouffonne de Saint-Amant, et, dans une des nombreuses poésies érotiques adressées à sa belle, il l’a reproduite en quatre vers traduits mot pour mot dans ces quatre lignes de prose :
Par chaque vent qui passe ici Envoyez-moi au moins un soupir ou deux. Je vous en renverrai tant et de si belle qualité Qu’ils formeront des vents pour aller jusqu’à vous. |
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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.