LA FRANCE PITTORESQUE
Côte groenlandaise : terre « française »
grâce à Blosseville
(D’après « Annales de géographie », paru en 1935)
Publié le jeudi 10 janvier 2013, par Redaction
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La presque totalité de la côte orientale du Groenland, en raison de sa difficulté d’accès, était presque inconnue en dehors de la zone du 69e au 72e degré, dont Scoresby avait levé la carte en 1822, quand, en 1833, le lieutenant de vaisseau Jules Poret de Blosseville, commandant le petit brick-canonnière La Lilloise, chargé de la police des marins français sur les champs de pêche d’Islande, y entreprit ce qu’on pourrait appeler une héroïque escapade scientifique
 

Né en 1802 à Rouen, de Blosseville avait été membre de l’expédition de Duperroy et Dumont d’Urville autour du monde, sur La Coquille, de 1822 à 1825.

Jules de Blosseville

Jules de Blosseville

Ses sondages, levés de plans des côtes, observations d’histoire naturelle avaient attiré l’attention d’Arago, Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire ; et en 1827 Arago l’avait chargé de travaux sur le magnétisme terrestre, de sondages à grande profondeur et d’études des courants à bord de La Chevrette qui partait pour l’Inde et la Chine. Mais le jeune officier ne put obtenir l’organisation d’une expédition polaire que lui suggéraient les voyages de Ross et de Parry ; il dut se contenter du commandement de La Lilloise et de la mission de faire en Islande des observations magnétiques pour l’Académie des Sciences.

Ne pouvant résister à l’attirance du Groenland, bien que son brick fût trop haut de voilure pour son tonnage et ne convînt nullement à la navigation dans les glaces, il partit d’Islande le 29 juillet 1833, pour reconnaître la côte inexplorée au Sud de la partie étudiée par Scoresby.

Il observa et dessina de hautes montagnes littorales, et en marqua l’emplacement sur une carte dressée du large, donnant des noms français aux découpures de la côte : baie d’Aunay, cap Daussy, cap Grivel, ainsi qu’à un sommet : le mont Rigny. Évitant sagement de s’engager dans les glaces, il revint le 5 août en Islande d’où il envoya ses notes, cartes et dessins à son frère.

Mais, espérant faire mieux, il repartit le lendemain pour le Groenland. La Lilloise, avec les 75 hommes qu’elle portait, ne reparut jamais plus, et les recherches des années suivantes n’en firent pas retrouver le moindre vestige. Ce ne fut qu’en 1900 qu’une expédition du danois Amdrup, alors lieutenant de vaisseau, explora du cap Dalton à Angmagsalik cette partie de la côte de la Terre du roi Christian IX.

Amdrup en dressa la première carte complète, y conserva les noms français donnés par Blosseville et attribua à la côte elle-même le nom, qui fut ensuite officiellement confirmé, de « Terre de Blosseville », Et Amdrup (qui compte des Français parmi ses ancêtres) hissa sur la côte, en l’honneur de son premier découvreur, le pavillon français auprès du Danebrog.

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