LA FRANCE PITTORESQUE
Villes (L’étymologie de noms de)
(D’après un article paru en 1872)
Publié le lundi 11 janvier 2010, par LA RÉDACTION
Imprimer cet article

Qui croirait que le mot cancan et le nom de plusieurs villes de France ont une même étymologie ? Cette étymologie se trouve dans le vieux mot gaulois par lequel on désignait les oies, et qui s’est conservé dans le mot allemand gans. Ce fut, comme on voit, le cri même de l’animal qui d’abord servit à le désigner : gansgans, cancan ; c’était une onomatopée.

Mais écoutez ceci :
« Un mot gaulois m’a servi de guide, dit le père Julien Bach (dans un opuscule publié en 1864), lorsque j’ai voulu faire des recherches sur la véritable origine des noms de plusieurs villes de France, et ce mot, je me hâte de le dire, c’est celui qu’employaient nos ancêtres pour désigner les oies sauvages. Seul il m’a donné la clef d’une difficulté archéologique laissée jusqu’à présent dans la catégorie des insolubles. »

Or, on faisait en Gaule un commerce actif de foies gras, dont les Romains étaient très friands et qu’on leur expédiait à grands frais. Des villages entiers vivaient de cette industrie, et ces villages ont tous conservé dans leur nom le gan ou gen, et sont devenus Ar-gentan, Ar-genteuil, Ar-gentré, etc. On a cru longtemps que ces noms avaient leur origine dans argentum ; il n’en était rien. Mais ce ne sont pas seulement les villes d’Argentan, d’Argenteuil ou d’Argentré qui trouvent leur étymologie dans le vieux mot gaulois, ce sont encore : Argences, dans le Calvados ; Argens, dans les Basses-Alpes ; Argent, dans le Cher ; Argentac, dans la Corrèze ; Argental, dans la Loire ; Argenton, dans la Creuse ; et même Argenthal, dans le Wurtemberg. Il y a encore en Allemagne un village dont le nom a la même origine : c’est Goenserthal, et l’on en pourrait citer probablement bien d’autres.

Il est donc vraisemblable que toutes ces localités se livraient à l’élevage des oies et à la préparation des foies gras, qui de là s’expédiaient vers Rome. On peut voir, en effet, dans Pline, qu’il se faisait de son temps un commerce considérable de cette denrée.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE